Manstein, en 1956. |
Pressenti - comme nous l'avons vu - dès 1942 pour prendre la tête de la conjuration, Manstein, en dépit de son antipathie pour Hitler, a toujours refusé d'endosser l'uniforme de "sauveur de la Patrie" qu'on lui proposait, et s'est prudemment tenu à l'écart des conspirateurs.
Ironiquement, c'est pourtant l'un d'eux, Alexander Stahlberg, qui va maintenant lui éviter la potence : placé par son cousin, Henning von Tresckow, pour lui servir d'aide-de-camp, mais surtout pour sonder ses intentions, Stahlberg a vite compris que le Feld-maréchal prussien n'entreprendrait jamais rien contre le Führer, ce qui ne l'a néanmoins pas dissuadé de demeurer à son service, y compris après son limogeage, en mars 1943.
Au début de juillet 1944, ayant appris de la bouche-même du général Fellgiebel (1), l'imminence d'un attentat contre Hitler, il en a averti le maréchal qui, d'abord incrédule, a ensuite réagi avec sa célérité coutumière... en décidant d'opérer un "repli stratégique" le plus loin possible de toute agitation, en l'occurrence sur l'île d'Usedom, au bord de la mer Baltique, où il s'est officiellement déclaré en vacances !
Sage précaution en vérité, qui lui vaudra d'échapper à la hargne de la Gestapo, dont les limiers, faute de pouvoir prouver la moindre implication de sa part dans l'attentat, vont le laisser tranquille jusqu'à la fin de la guerre...
(1) exécuté à Berlin le 4 septembre 1944 pour sa participation à l'attentat contre Hitler
1 commentaire:
Dans sa biographie de Manstein, B. Lemay raconte la scène incroyable où l'aide de camp Stahlberg l'informe de l'imminence de l'attentat. Stahlberg raconte qu'il lui a tout dit lors d'une promenade en voiture, très anxieux de la réponse (il le savait tout à fait "légitimiste"); s'écoulent des secondes interminables; puis enfin la réponse "ce que vous me dites là est tout à fait hors du commun". Puis encore un très long silence. Enfin Manstein prend la décision des vacances de plusieurs semaines sur la Baltique.
Surtout sans aucun voyage en coup de vent à Berlin, dont il avait pris l'habitude (pour venir aux nouvelles, dirait-on) depuis sa mise à l'écart du début 1944.
Publier un commentaire