Tir d'un V2 d'essai, à l'été 1943 |
Sur le papier, le V2 est assurément préférable au V1 puisque ce dernier, contraint
de voler en ligne droite et à relativement basse altitude, peut toujours
être abattu en vol, mais sur le plan comptable déjà, son emploi s'avère un non-sens : faisant un large usage (pour l’époque) de composants
électriques et électroniques, et incorporant une grande quantité de
métaux précieux rendus fort rares en Allemagne, le V2 coûte en effet une fortune à
fabriquer.
Pour égaler un seul grand raid de "mille bombardiers", transportant
chacun de quatre à cinq tonnes de bombes, il faudrait réussir à en
lancer plus de 5 000 à la fois, un objectif exclu dès le départ car,
jugé trop irréaliste par les Allemands eux-mêmes !
"Hitler entendait que l'on en construise 900 par mois", résuma Albert
Speer après la guerre. "Il était absurde de vouloir répondre aux
flottes de bombardiers ennemies, qui en 1944 larguèrent en moyenne sur
l'Allemagne 3 000 tonnes de bombes par jour pendant plusieurs mois à
l'aide de 4 100 quadrimoteurs, par des représailles qui auraient
propulsé tous les jours 24 tonnes d'explosifs au Royaume-Uni : la charge
de bombes larguées par six forteresses volantes seulement"
Et non contente d’être déjà absurde en soi, l’ambition hitlérienne est
elle-même limitée par la piètre fiabilité des engins eux-mêmes :
construits à la va-vite par une main d’œuvre esclave, parfois sabotés
par celle-ci, souvent détruits au sol par les avions alliés, les "armes de représailles" sont loin d’être aussi efficaces que les gros
quadrimoteurs britanniques ou américains : sur les quelque 30 000 V1 et
V2 lancés de juin 1944 jusqu’à la capitulation allemande, plus de la
moitié n’atteindront en effet jamais leur cible...
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