lundi 15 août 2016

4920 - quand IG Farben entre en scène

 l'usine de Buna-Monowitz, en construction, 1942
... car à présent que le Troisième Reich est en guerre, et bientôt en "guerre totale", les industriels allemands sont confrontés à un défi de taille : trouver de la main d’œuvre pour satisfaire l'insatiable demande de tanks, d'avions, de canons, de sous-marins, mais aussi de roulements à bille, de béton, de câbles électriques ou encore de vitres, de briques ou de pneus

La plupart des hommes étant déjà enrôlés sous les drapeaux, ou appelés à y servir sous peu, et le régime nazi ne montrant - contrairement à son adversaire soviétique - aucun empressement à mobiliser les femmes pour le travail en usines, la seule solution est donc de recruter à l'étranger - c-à-d dans les pays conquis - des travailleurs parfois volontaires mais le plus souvent forcés, certes bien moins productifs mais aussi bien moins coûteux que les travailleurs allemands.

Leader mondial de la chimie, la société IG Farben ambitionne ainsi de construire rien moins que la plus grande usine de buna (2) - c-à-d de caoutchouc synthétique - d'Europe, ce qui, à l'évidence, réclamera de nombreux terrains mais aussi une main d’œuvre abondante.

Pour Himmler, l'occasion est trop belle : en mars 1941, le Reichsführer signe donc avec les dirigeants d'IG Farben un accord qui garantit à ces derniers la mise à disposition, à Auschwitz, ou plus exactement sur un site voisin que l'on appellera bientôt Buna-Monowitz, de tous les terrains et de toute la main d'oeuvre concentrationnaire dont ils auront besoin...

(1) à son procès en 1946, Friz Sauckel, "Generalbevollmächtigter für die Zwangsarbeit" ("Plénipotentiaire général pour la mobilisation de la main d’œuvre") reconnaîtra lui-même que sur les cinq millions de travailleurs venus de l'étranger, seuls deux-cent-cinquante-mille avaient réellement été volontaires...
(2) abréviation de butadiène-natrium

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Vous faites bien remarquer une erreur capitale d'Hitler, qui a été de ne pas mobiliser la population féminine ou dans les services auxiliaires de l'armée comme l'ont fait les américains et les anglais avec l'attirail de propagande qui allait avec (le personnage plus ou moins fictif de Rosie la Riveteuse, travaillant comme un homme au boulot infernal de riveter des coques de navires sur les chantiers navals!).
Les soviétiques son allés plus loin encore (au nom de l'idéologie égalitariste mais aussi de leurs intérêts bien compris (les unités combattantes féminines de l'armée de l'air russe, en première ligne, mais aussi la logistique militaire et tous les travaux des champs et de l'usine ).
Sur ce plan , l'idéologie nazie du Kinder Kuche Kirche (Pour les femmes : élever les mioches , faire la cuisine et aller à l'église) a été désastreuse en termes de stricte eficacité.
J'imagine qu'il faut y voir un reflet du conservatisme très petit bourgeois de Hitler et de ses partisans.