Mais comme il fallait s'y attendre, Frick et son administration ne partagent pas du tout la vision d'une "menace idéologique" à la fois permanente et omniprésente !
Appelé à trancher en dernier ressort cette querelle qui s'envenime depuis des mois, Hitler, succombant une fois de plus à la logique de la surenchère, va finalement se décider en faveur d'Himmler et d'Heydrich et de leur "complot permanent", tout comme il se décidera, dans quelques années, en faveur de la "guerre éternelle", échafaudant de nouveaux plans de conquêtes avant-même d'en avoir fini avec les conquêtes en cours !
"Himmler et Heydrich allaient finalement voir leurs demandes satisfaites : jusqu'en 1945, la [seule] assise légale des mesures de Police demeurerait le décret sur l'Incendie du Reichstag du 28 février 1933, une mesure d'urgence qui avait restreint les droits fondamentaux inscrits dans la Constitution de Weimar, tels les droits individuels des prisonniers, la liberté d'expression et la confidentialité des communications écrites et orales.
Tout au long du Troisième Reich, la Police allemande allait [donc] opérer sous un État d'urgence permanent" (1).
Dans l'immédiat, en ce 17 juin 1936, il nomme en tout cas Himmler chef très officiel de toutes les polices d'Allemagne et désormais seulement redevable devant lui,... au grand dam de Frick, dès lors inexorablement engagé sur une pente descendante qui le verra petit à petit perdre ses prérogatives et jusqu'à son portefeuilles de Ministre de l'Intérieur, qu'il abandonnera le 20 août 1943 (1)... à nul autre qu'Himmler lui-même !
(1) Gerwarth, op. cit., page 89
(2) comme lot de consolation, Frick se vit alors offrir le poste de Protecteur de Bohème-Moravie, occupé jusqu'à son assassinat par... Reinhard Heydrich.
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