En politique comme à la guerre, la première victime de la bataille est
toujours le plan de la bataille.
Le plan de Papen et des conservateurs implique qu'Hitler et son
parti, maintenant au Pouvoir, vont se comporter exactement comme ils "doivent" se
comporter et, surtout, sans qu'aucun événement aussi majeur qu'imprévisible
ne vienne brouiller les cartes dans les semaines et les mois à venir, ce qui, compte tenu des passions et des violences qui, depuis des années,
déchirent la fragile République de Weimar, constitue tout de même un pari extraordinairement
risqué.
Et malheureusement pour eux, et pour l'Allemagne, ce pari est définitivement perdu le 27 février suivant, lorsqu'un obscur militant communiste du nom de Marinus Van der Lubbe, arrivé à Berlin une dizaine de jours plus tôt, décide de sa propre initiative, et pour
"galvaniser la classe ouvrière et l'inciter à se battre
contre la répression dont elle était victime" (1)... de bouter le feu au Reichstag !
Arrivé en trombe, et dans tous ses états, sur les lieux de l'incendie, Hitler, en parfait opportuniste, décide bientôt d'en profiter :
"C'est un signe de Dieu, Herr
Vice-Chancelier", confie-t-il, à Papen. "Si ce feu, comme je le crois,
est l'oeuvre des communistes, nous devons écraser cette peste meurtrière
d'une poigne de fer !"(2)
(1) Kershaw, Hitler, volume 1, page 649
(2)
ibid page 651
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