Trois semaines plus tard, à Hambourg, c'est enfin au tour du Bismarck d'entrer en service, ou plus exactement d'accueillir son commandant, Ernst Lindemann, 46 ans, et un équipage qui va l'emmener en Baltique à la mi-septembre.
Car le cuirassé, tout comme le Prinz Eugen, avec lequel il va bientôt faire équipe, doit encore subir de nombreux essais avant de pouvoir affronter quelque navire britannique que ce soit.
Et ces essais révèlent d'ailleurs un défaut de conception inquiétant : contrairement aux Français, aux Britanniques, ou encore aux Américains, qui utilisent un système à quatre turbines et quatre arbres d'hélice pour propulser leurs gros bâtiments de guerre, les Allemands font appel à un système à trois turbines et trois arbres d'hélice seulement (1).

En revanche, en cas d'avarie de gouvernail, elle rend le bâtiment plus difficile à manœuvrer avec les hélices seulement.
Mais sur le Bismarck, la variation de régime entre les différentes hélices n'engendre qu'une manœuvrabilité vraiment marginale : même avec les hélices bâbord et tribord tournant à plein régime en sens inverse l'une de l'autre, c'est à peine si le bâtiment consent à virer de quelques degrés.
Améliorer ce piètre comportement nécessiterait cependant de redessiner entièrement la quille et l'arrière du navire ce qui, bien sûr, est totalement exclu...
(l) à l'exception des trois Panzerschiffe, qui utilisent non pas des turbines à vapeur mais bien des moteur diesel entraînant deux arbres d'hélice seulement