
... en plein hiver, au fond de ce fjord perdu du bout du monde, sans cale sèche, et quasiment sans moyen, des centaines d’ouvriers, de marins et d’ingénieurs allemands vont réussir "un des plus notables faits d'ingénierie navale de la 2ème G.M." (1)
Notable assurément, puisque les réparations du Tirpitz, qui vont tout de même s’étendre jusqu’en février 1944 (!), n’auraient en principe pu être menées à bien que dans un véritable chantier naval parfaitement équipé.
Mais aussi spectaculaire soit-il, cet exploit n’a pu s’accomplir qu’en faisant volontairement l’impasse sur deux points essentiels qui, de facto, réduisent considérablement les capacités militaires du cuirassé.
Le premier d’entre eux tient à l’armement, et plus particulièrement à la tourelle D qui, suite à l’explosion du 22 septembre, avait détruit ses roulements en retombant sur eux de tout son poids.
En Norvège-même, il n’existe en effet aucun pont roulant, ni a fortiori aucune grue, capable de soulever une tourelle de quelque 1 100 tonnes, et aucun moyen d’en expédier un sur place, ce qui, du coup, prive ainsi le Tirpitz de 25% de sa puissance de feu.Plus grave : les plissures à la coque (qu’il est impossible de réparer sans cale sèche) et le réalignement nécessairement imparfait des arbres d’hélice (qui à haut régime génèrent à présent de fortes vibrations) limitent la vitesse du monstre à 26 ou 27 nœuds a maximum, ce qui est évidemment sans incidence au fond du Kafjord mais constituerait un handicap insurmontable si le Tirpitz devait un jour sortir en mer et y rencontrer un rival britannique...
(1) Garzke/Dulin : Battleships, Axis and neutral battleships in World War II, page 262
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