3447 - les horribles royaumes glacés de Nouvelle-Zemble

... Nouvelle-Zemble, 6 juillet 1942, 11h00

Si certains cargos, après l'ordre de dispersion générale, ont crânement tenté leur chance en poursuivant leur route vers Arkhangelsk, d'autres, convaincus que les Allemands ne les chercheraient jamais en pareil endroit, ont préféré pousser plus à l'Est, et plus précisément jusqu'aux îles de Nouvelle-Zemble, ces "horribles royaumes glacés de Nouvelle-Zemble", comme les baptisera bientôt un communiqué anglais.

Et de fait, on trouverait difficilement sur Terre endroits plus inhospitaliers et moins propices à la vie (1) que ces deux îles, séparées par le Détroit de Matoshkin, qui, en été offre, en théorie du moins, un étroit passage entre la Mer de Barents et la Mer de Kara.

En cette fin de matinée du 6 juillet 1942, c'est là qu'ont finalement échoué l'Ocean Freedom, un 7 000 tonnes britannique, mais aussi, et surtout, trois dragueurs de mines, le navire de sauvetage Zamalek (surchargé de rescapés des attaques précédentes) ainsi que le Palomares, obscur bananier britannique de 2 000 tonnes transformé en croiseur auxiliaire antiaérien.

Après s'être amarrés dans le Détroit, ces navires, qui ont de bonnes raisons de s'estimer chanceux, y sont rejoints, dans l'après-midi, par le Pozarica, l'autre croiseur antiaérien, ainsi que par la corvette La Malouine lequel va bientôt en ressortir et retourner en Mer de Barents pour tenter de rallier d'éventuels cargos survivants...

(1) au milieu des années 1950, les quelques dizaines de pécheurs nénètses qui peuplaient la Nouvelle-Zemble furent chassés du territoire afin que ce dernier puisse abriter les 224 essais nucléaires que l'URSS y mena jusqu'en 1990.