vendredi 11 août 2006

1251 - dans l'attente des beaux jours

... A l'évidence, la situation militaire à l'Est, en cette fin d'année 1941, ne correspondait pas aux attentes du Führer et de son État-major.

Loin de fournir le blé, le pétrole et la main d'oeuvre servile dont le Reich avait besoin, l'Union soviétique absorbait au contraire toujours davantage de ressources matérielles et humaines en provenance du Reich et des pays occupés. Loin de goûter un repos bien mérité et au chaud, les soldats allemands continuaient d'affronter les forces ennemies, grelottaient sous la neige, et espéraient sans trop y croire la venue de renforts et d'équipements hivernaux.

Comme l'écrivit le général Blumentritt, "nous avons découvert en octobre et début novembre que les Russes que nous avions anéantis n'avaient en rien cessé d'exister comme puissance militaire. (...) Tout cela était pour nous inattendu. Nous ne pouvions pas croire que la situation se transformerait ainsi alors qu'après nos victoires décisives, Moscou nous semblait à portée de mains" (1)

Au sein de l'armée allemande, personne néanmoins ne parlait encore de retraite, ni a fortiori de defaite, mais tout au plus d'un contre-temps, certes extrèmement fâcheux, mais surmontable. Le Russe, comme ne cessait de le rappeler Hitler, était "fini", et serait définitivement vaincu au printemps, lorsque le retour du beau temps, l'arrivée de renforts et d'armes nouvelles, permettraient de reprendre le combat.

En attendant, il fallait tenir coûte que coûte, et surtout ne pas céder le moindre mètre du terrain si chèrement conquis au cours de l'été, ce qui allait contraindre l'armée allemande à un hivernage rigoureux, aussi coûteux pour le Reich que meurtrier pour les hommes.

Mais la "volonté du Führer" exprimée à Berlin, ou depuis son Q.G de Prusse orientale, se heurtait cependant aux dures réalités du terrain et au désir des offciers de préserver autant que possible les soldats placés sous leur commandement en ne les exposant pas inutilement à la fureur des éléments.

Début décembre, de leur propre initiative, et sans en référer à Hitler, certains généraux - comme Guderian - avaient même déjà commencé à replier leurs avant-gardes vers des secteurs moins exposés du Front, avec la ferme intention de repartir à l'attaque, et de gagner la guerre, dès le retour du printemps.

Personne parmi eux n'imaginait les Russes capables de mener la moindre contre-offensive d'envergure dans des conditions météo aussi dantesques.

Ils se trompaient..

(1) Fana de l'Aviation, HS no 31, page 93

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