... En ce 1er mai 1915, le Lusitania est parti seul, sans la moindre escorte. C'est la pratique la plus courante à cette époque, et elle le restera lors du deuxième conflit mondial. On considère en effet que la vitesse des grands paquebots constitue leur meilleur atout pour se dérober aux attaques ennemies.
En 1915, les convois de cargos se traînent péniblement à moins de dix nœuds (allure qui ne sera que fractionnellement améliorée 30 ans plus tard). Le Lusitania est donné pour 25. Dans le même temps, les sous-marins allemands navigant en surface, au diesel, n'atteignent que la moitié de cette vitesse, et beaucoup moins en plongée, sur les moteurs électriques.
Avec le recul, et le torpillage de paquebots comme le Lusitania, l'Athenia ou le Laconia, cette tactique peut certes paraître discutable, mais l'objectivité force à reconnaître qu'elle a généralement donné de bons résultats. C'est ainsi par exemple que de 1942 à 1944, les "Queen" (les paquebots Queen Elisabeth et Queen Mary), convertis en transports de troupes et lancés seuls à plus de 30 nœuds sur l'Atlantique, achemineront sans encombre en Angleterre des milliers de soldats américains.
Malheureusement, il y aura aussi quelques couacs retentissants...
Au soir du 6 mai 1915, alors que la "Reine des Océans" aborde maintenant la pointe sud de l'Irlande avant de remonter vers le Nord, le sous-marin U-20, sous les ordres du Capitaine Schwieger vient de déboucher du Canal St-Georges, après avoir coulé trois cargos.
Bien sûr, son passage n'est pas resté inaperçu et le lendemain les messages d'alerte se multiplient sur la passerelle du Lusitania. Mais pas un mot aux passagers : inutile de créer une panique.
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