dimanche 4 juillet 2004
483 - l'affaire du Laconia
12 Septembre 1942, 20H00. Les yeux rivés au périscope du sous-marin U-156, Werner Hartenstein contemple avec attention, et pour la dernière fois, la silhouette d'un grand paquebot qui se dessine sous l'horizon.
C'est un 20 000 tonnes de la compagnie Cunard-White Star Line, le Laconia, lancé à plus de 25 noeuds au large du Golfe de Guinée, et qui navigue seul, sans la moindre escorte, comme le veut la règle habituelle du temps de guerre, où l'on considère que la vitesse de ces grands navires constitue leur meilleur atout pour se dérober aux attaques.
Par petites étapes, le "Laconia" ramène de Suez vers l'Angleterre près de 2 000 soldats, marins et aviateurs britanniques, quelques femmes et enfants, ainsi que... 1 800 prisonniers de guerre italiens, capturés à El Alamein en juillet et entassés à fond de cale, dans des conditions exécrables, sous la garde d'un peloton de soldats polonais.
A 20H07, deux torpilles jaillissent du U-156. L'une d'entre elles touche le paquebot à l'arrière, l'autre en plein milieu de la cale n°4 remplie de prisonniers. C'est un véritable massacre...
Le Laconia va sombrer en 50 minutes. Partout des cris et des hurlements. Dans les cales les italiens se battent avec leurs gardiens et tentent désespérément de s'enfuir par les hublots, les écoutilles, la moindre ouverture qui les conduirait vers la lumière, la liberté, vers la Vie. Beaucoup périront, noyés comme des rats.
Hartenstein a fait surface, il cherche à identifier sa victime. Soudain, on entend des cris, des appels à l'aide... en italien. On repêche quelques survivants. Et effectivement, ce sont bien des prisonniers italiens, donc des alliés. Il y en aurait plus de 1.500. Que faire ? On ne peut tout de même pas les abandonner au milieu de l'océan...
Hartenstein demande de nouveaux ordres. Sans attendre la réponse, il commence à faire monter les italiens à son bord, mais la mer grouille littéralement de centaines de naufragés qui s'accrochent à toutes les épaves possibles, et le sous-marin navigue, pour ainsi dire, en plein dedans.
Alors, de sa propre initiative, démarche incroyable dans cette guerre totale, Hartenstein contacte tous les bâtiments allemands dans les parages, leur expose la situation et sollicite leur aide.
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