... malgré le départ en exil de la plupart des intellectuels et artistes allemands, la vie culturelle et artistique, généreusement subsidiée par le régime nazi, continuait comme si de rien n'était.
A Bayreuth, Winnifred Wagner, grande admiratrice d'Hitler, dirigeait imperturbablement son Festival, où militaires et éclopés de guerre avaient progressivement remplacé le public traditionnel bon chic bon genre - Joseph Goebbels, Ministre de la Propagande, ayant tout simplement eu l'idée de faire racheter les billets par l'État, pour les distribuer ensuite aux héros et autres nazis méritants.
Sur les écrans d'Allemagne, et bientôt de toute l'Europe occupée, les films allemands avaient supplanté les productions étrangères - et particulièrement américaines. Et si leur qualité artistique laissait beaucoup à désirer, leur monopole de fait assurait aux producteurs allemands une pluie continue de Reichsmarks.
Marlène Dietrich ayant dédaigneusement refusé les offres hitlériennes, il fallut néanmoins se mettre à la recherche d'une autre diva, qui agirait comme locomotive, en drainant dans les salles un public qui, en cette période de guerre et de privations diverses, ne demandait qu'à se divertir.
Curieusement, la diva choisie était suédoise, et à cent lieues des clichés traditionnels de l'épouse aryenne exemplaire. Zarah Leander était une rousse voluptueuse à l'invraisemblable voix rauque. Et elle était si grande qu'il avait fallu installer nombre de ses partenaires masculins, dont Willy Birgel, sur des blocs de 10 centimètres de haut afin qu'ils puissent marcher à côté d'elle, le long des rails de la caméra, sans paraître ridicules...
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