jeudi 17 juin 2004

466 - une Walkyrie en Pologne

... dès le coup d'envoi de la Seconde Guerre mondiale, la cinéaste Leni Riefenstahl s'était précipitée en Pologne avec son équipe, bien décidée à immortaliser la guerre comme elle l'avait si bien fait avec les Jeux Olympiques de Berlin, ou les congrès du Parti nazi à Nuremberg.

Le 10 septembre 1939, le général Von Manstein ne put s'empêcher de remarquer cette "actrice et réalisatrice célèbre accompagnée par une troupe de cameramen. (...) On aurait dit une partisane élégante, elle aurait pu avoir acheté sa tenue rue de Rivoli à Paris. Elle portait une sorte de tunique, des culottes et des bottes souples et hautes. Un pistolet était accroché à son ceinturon. Cet équipement de combat était complété par un couteau fiché dans la tige de sa botte, à la bavaroise. L'État-major resta un peu perplexe, je dois l'avouer, devant cette apparition inhabituelle"

Deux jours après cette ébouriffante apparition, la Walkyrie se présenta dans le secteur du général Von Reichenau, qui venait de s'emparer de la ville de Konskie.

Or, dans la nuit du 11 au 12 septembre, quatre soldats allemands en patrouille avaient été tués dans cette ville. La Wehrmacht avait alors rassemblé la population juive du lieu, lui avait ordonné de creuser des tombes, avant d'exécuter une vingtaine de ces croque-morts improvisés.

En déambulant dans la ville avec son équipe et des accompagnateurs militaires, Leni Riefenstahl avait aperçu les cadavres. "Leni Riefenstahl perd connaissance à la vue des Juifs morts" légenda sobrement un soldat allemand au dos de la photographie qu'il prit à cette occasion.

La cinéaste éprise de beauté venait de faire connaissance avec la réalité de la guerre, une réalité fort différente du cinéma et des grands-messes nazies. Elle s'en fut aussitôt protester auprès du général Von Reichenau, qui l'éconduisit tout aussi rapidement.

Réfugiée à Dantzig, elle n'en filma pas moins l'arrivée triomphante du Führer et de ses troupes dans la ville, les cadavres ayant depuis longtemps été enlevés des trottoirs...

"L'art le plus pur, déclara-t-elle, et la plupart des artistes se sont efforcés de l'atteindre, est dépourvu de responsabilités".

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!

les posts sur Leni Riefenstahl sont très intéressants mais ne concernent que la période de la guerre, Il aurait été intéressant de donner un aperçu de sa carrière précédente (rôle attitré de pure jeune file des montagnes - le film-de-jeune-fille-des-montagnes étant à l'allemagne nazie ce que le Western était pour les USA ou le Peplum et les téléphones blancs à l'Italie de Mussolini) , son passage derrière la camera, ses mutiples caprices de réalisatrice pour "les dieux du stade" et sa consécration comme muse du régime avec le filmage de Triomphe de la Volonté (le congrès Kolossal du partin Nazi à Nurenberg)

Pour les jeunes générations ce rapel ne seraitvpas inutile. La chaîne Arte avait fait une série sans concession sur Leni Rifenstahl quelques années avant sa mort.