... malgré la déclaration de guerre, l'état d'impréparation et de sous-équipement était tel que l'État-major français donna des ordres très stricts pour ne surtout pas provoquer les Allemands avec qui la France était pourtant en guerre (!)
"Les équipages des Amiot 143 qui survolaient l'Allemagne de nuit [parce qu'ils étaient trop vulnérables de jour] devaient franchir la frontière à 4000 m, puis plonger à l'altitude d'observation, si possible en dessous de 500 m [on se demande ce qu'ils pouvaient bien observer à cette altitude]; interdiction leur était faite d'employer leurs armes, sinon pour se défendre. Ils n'emportaient pas de bombes, mais des tracts, tandis que la Flak tirait contre eux des obus véritables. Les rencontres avec l'ennemi étaient, de toute façon, rares.
(...) Le II/38 n'accomplit sa première mission de guerre au dessus de l'Allemagne que le 21 novembre [à cette date, la Pologne avait déjà cessé d'exister] : une très longue reconnaissance (...) à 6 000 m d'altitude. Audineau jugea sévèrement (...) qu'à cette altitude, l'équipage, certes hors de portée des Allemands, n'avait rien pu observer
(...) Au II/34, en décembre, une seule reconnaissance sur l'Allemagne eut lieu de nuit, accompagnée d'un lâcher de tracts : des messages ou des encycliques du Pape, des plaisanteries sur Hitler (...) 700 kg de papier, 200 000 feuilles imprimées par avion.
Il y eut beaucoup de missions de ce genre. En Allemagne, malgré le couvre-feu, les usines en pleine activité restaient visibles : les équipages, la rage au coeur, lâchaient leurs bouts de papier qui ne servaient à rien sur des bâtiments où, par les lueurs qui filtraient des
verrières, ils devinaient l'ennemi fourbissant ses armes. Certains oubliaient de couper la ficelle des paquets, d'autres y ajoutaient des
pierres. Ils faisaient leur guerre
(...) à cette époque, s'il avait fallu, malgré tout, affronter les armées allemandes, les stocks de bombes n'auraient pas permis de combattre bien longtemps. Ce n'était après tout qu'un détail, puisque, de toute façon, il n'y avait pas d'avions pour les porter" (Le Fana de l'Aviation 332, juillet 1997)
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