jeudi 3 juin 2004

452 - en finir avec la "race juive"

... on s'est beaucoup interrogé, après guerre, sur l'obsession d'Hitler d'en finir avec la "race juive" au moment-même où le sort des armes venait de basculer en défaveur de l'Allemagne.

En janvier 1942, lorsque Reinhard Heydrich préside la Conférence de Wannsee sur la "Solution finale", les États-Unis viennent d'entrer en guerre, et le Reich d'échouer devant Moscou, perdant ainsi tout espoir d'une victoire rapide, sinon d'une victoire tout court.

Bien plus : l'organisation des camps, la nécessité de traquer, d'arrêter, de déporter, puis d'exterminer des millions de personnes prive l'Allemagne de ressources et de troupes qui auraient pu, qui auraient dû, être utilisées plus efficacement ailleurs.

Et même si l'organisation, finalement très "germanique", du génocide tend à en réduire le coût au minimum, et à récupérer tout ce qui peut l'être sur les cadavres (bijoux, alliances, dents en or, etc.), elle est loin de compenser les frais d'une opération qui, dans toute l'Europe, va mobiliser pendant trois ans des centaines de trains, des milliers de soldats, des milliers de tonnes de mazout, des milliers de mètres cubes de béton, autant de ressources vitales en période de guerre, et qui manquent cruellement sur le Front.

Paradoxalement, plus les armées allemandes reculent, plus la défaite s'annonce inéluctable, et plus l'extermination des Juifs se fait féroce et systématique, plus elle accapare troupes, approvisionnements et fournitures.

Mais ce paradoxe n'est qu'apparent : parce qu'ils se rendent compte que la guerre est perdue, les chefs nazis, Hitler en tête, cherchent par tous les moyens, dans une ultime orgie de damnés, à supprimer toute présence juive d'Europe tant que cela est encore possible. Ils s'efforcent de tenir au moins la promesse contractée par Hitler le 30 janvier 1939, lorsqu'il déclara que "s’il devait arriver que la finance juive internationale réussisse encore une fois à précipiter les peuples dans une nouvelle guerre mondiale, cela n’aurait pas pour effet d’amener la bolchevisation du globe et le triomphe des Juifs mais bien, au contraire, l’anéantissement de la race juive d’Europe".

Puisque la vie du Troisième Reich ne fut en réalité qu'une perpétuelle fuite en avant, un défi lancé au Temps, l'extermination des Juifs par l'Allemagne nazie ne pouvait que répondre à la même logique, à la même surenchère, à la même hâte.

Et elle ne pouvait, elle aussi, que se terminer en tragédie...

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