... Dans la nuit du 25 au 26 mai 1945, 464 B29 déclenchent l'apocalypse sur Tokyo. 49 km2 d'habitations, majoritairement construites en bois, sont annihilés par les bombes incendiaires, pour la perte de 26 appareils.
Vient ensuite le tour de Yokohama, rasée à 85%. A l'été, la plupart des grandes villes japonaises ne sont plus que des amas de ruines fumantes. Au bilan final, les raids de Curtis LeMay auront coûté la vie à des centaines de milliers de Japonais, et créé 13 millions de sans-abris.
Fallait-il alors franchir une étape supplémentaire ? Fallait-il atomiser Hiroshima puis Nagasaki, villes jusque là épargnées par les bombardements ?
La question divise les historiens, et continuera sans doute de les diviser encore pendant plusieurs décennies. Mais à l'époque, les objections à l'emploi de la bombe atomique étaient évidemment bien moindres qu'aujourd'hui, à fortiori chez les Marines américains, engagés depuis trois ans dans des opérations de débarquement aussi répétitives que sanglantes, et dont on prévoyait qu'ils meurent encore par centaines de illiers pour le débarquement et la conquête du Japon.
Si on les avait interrogé par référendum, si on avait demandé à leurs familles s'ils préféraient risquer leur vie dans un débarquement aléatoire ou, au contraire, assister en simples spectateurs à la vitrification complète du Japon, ils auraient certainement choisi la seconde alternative.
En cet été de 1945, l'opinion publique américaine, encore sous l'ivresse de sa victoire contre l'Allemagne nazie, est plus que jamais désireuse d'en finir au plus vite dans le Pacifique, et avec le moins de pertes méricaines possibles.
Dans cette optique, en juillet, le nouveau Président des États-Unis, le terne Harry Truman, n'a pas manqué de rappeler à Joseph Staline sa promesse de déclarer la guerre au Japon dans les trois mois suivant la capitulation allemande. A vrai dire, Truman n'a guère confiance dans l'efficacité de cette nouvelle bombe "atomique" jamais testée, et dont il n'a par ailleurs appris l'existence que quelques semaines auparavant. L'aide des Soviétiques lui paraît donc nécessaire, sinon indispensable...
C'est une erreur, que le Monde va payer fort cher.
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