jeudi 1 avril 2004

389 - le dernier des Justes

... en 1965, un obscur historien japonais, Ienaga Saburo, intenta une poursuite contre le gouvernement. Son but : faire reconnaître dans les manuels scolaires les multiples atrocités commises par le Japon lors de la 2ème Guerre mondiale, et particulièrement en Chine.

Ce fut le début d'un combat qui dura trente ans. Trente années pendant lesquelles Saburo, avec une obstination de fourmi, contesta les argumentations officielles, recevant de nombreuses menaces de mort, et aucun éloge.

Mais les censeurs n'en démordirent pas, s'accrochant aux moindres virgules. Ainsi, quand Saburo écrivit "L'armée japonaise a tué de nombreux civils et soldats chinois après l'occupation de Nankin", la censure gouvernementale révisa son texte, qui devient "L'armée japonaise a occupé Nankin et tué de nombreux soldats et civils chinois tandis qu'elle faisait face à une féroce résistance des forces chinoises".

Au début des années 1980, l'obstination de Saburo commença enfin à payer. Plusieurs incidents diplomatiques, relatifs au contenu des manuels scolaires, éclatèrent entre le Japon d'une part, la Corée et la Chine de l'autre, contraignant le Ministre de l'Éducation, Fujio Masayuki, à émissionner.

Pour autant, aujourd'hui encore, la bataille est loin d'être gagnée. En 1991, les censeurs du Ministère imposèrent encore la suppression de toute référence au nombre de Chinois assassinés à Nankin, arguant "qu'il n'y avait pas assez de preuves pour attester de l'exactitude des chiffres. trois ans plus tard, un texte consacré aux massacres commis par une unité de l'armée japonaise fut encore modifié, pour ramener le nombre de victimes de 25 000 à 15 000...

De même, lors de sa sortie dans les cinémas japonais, le film "Le Dernier Empereur" fut amputé de 30 secondes. Les 30 secondes consacrées aux massacres de Nankin...

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