mardi 16 mars 2004

373 - un démon très ordinaire

... à Nankin, le remords - quand il y en eut - fut tardif.

"Je me rappelle avoir été conduit en camion le long d'un chemin qui avait été tracé à travers des piles de milliers et de milliers de cadavres ensanglantés", souligne Nagatomi Hakudo. "Des chiens errants se disputaient les chairs mortes lorsque nous stoppâmes et saisirent un groupe de prisonniers chinois de l'arrière du camion. Ensuite, l'officier se proposa de tester mon courage. Il dégaina son sabre, cracha dessus, et d'un geste aussi puissant que soudain, décapita l'enfant chinois agenouillé devant lui. La tête fut tranchée net, le corps s'effondra en avant tandis que le sang giclait en deux fontaines. L'officier suggéra que je ramène la tête chez moi, comme souvenir. Je me rappelle avoir souri fièrement au moment où j'ai saisi son sabre et commencé à tuer les captifs"

Devenu médecin après la guerre, Nagatomi fit construire un autel dans la salle d'attente de son cabinet, où ses patients pouvaient regarder les cassettes de son jugement, et la confession de ses crimes.

Une démarche inouïe, pour ne pas dire unique, dans un pays où la quasi-totalité des criminels de guerre n'a jamais été jugée, ni même inquiétée.

"Peu de gens savent que des soldats empalaient des bébés sur leur baïonnette et les jetaient encore vivants dans des chaudrons d'eau bouillante. Ils violaient en groupes des femmes âgées de 12 à 80 ans, puis les exécutaient lorsqu'elles n'étaient plus en mesure de satisfaire leurs appétits sexuels. J'ai décapité des gens, j'en ai affamé à mort, j'en ai enterré et brûlé vivants. Plus de deux cents au total. Il n'y a vraiment pas de mots pour expliquer ce que j'ai fait. J'étais devenu un démon"

Un démon très ordinaire...

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