... à Nankin, le principal site d'exécution se situa près du Mont Mufu, entre la cité et la rive sud du Yang-Tse. On estime qu'environ 57 000 personnes, militaires et civils, y furent assassinées à partir du 16 décembre 1937, lorsque le correspondant du Asahi Shimbun indiqua que les forces japonaises avaient capturé 14 777 soldats chinois, nombre qui, soulignait ce journaliste, "posait de graves problèmes à l'armée", attendu que celle-ci "n'avait pas assez d'hommes pour s'en occuper"
Selon le caporal Kurihara Riichi, la boucherie commença le 17 décembre, lorsque les soldats japonais annoncèrent à leurs captifs qu'ils allaient les déporter sur l'île de Baguazhou, au milieu du Yang-Tse. Les prisonniers furent conduits jusqu'à la berge du fleuve, les mains liées dans le dos afin de décourager toute tentative de rébellion
"Soudain, toutes les mitrailleuses ouvrirent le feu en même temps", nota Kurihara Riichi. "Leurs crépitements se mêlaient aux suppliques et aux hurlements désespérés"
Le massacre dura près d'une heure. Chaque corps fut ensuite lardé de coups de baïonnette, pour s'assurer que nul n'en sortirait vivant.
Cet important devoir militaire accompli, restait à se débarrasser des cadavres. Une pération dont les Allemands, quelques années plus tard, mesureraient eux aussi le caractère fastidieux et éminemment complexe.
Rien qu'au Mont Mufu, le nettoyage prit trois jours entiers. On commença naturellement par enterrer les corps mais, comme le nota le général Nakajima dans son journal, il était difficile de creuser des tranchées suffisamment profondes pour accueillir sept ou huit mille cadavres à la fois.
On pouvait également les incinérer. Mais l'armée japonaise n'ayant pas assez d'essence pour les réduire correctement en cendres, les tentatives n'aboutirent souvent qu'à créer "des montagnes de corps rôtis"
Pour finir, bon nombre de cadavres furent tout simplement jetés dans le fleuve...
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