samedi 30 août 2003

173 - douce revanche

... le 9 octobre 1973. les délégués israéliens à Washington ruminent leur amertume : alors que l'URSS vient de mettre sur pieds un pont aérien et naval afin de fournir à ses protégés irakiens, syriens et égyptiens de quoi poursuivre leur effort de guerre, le gouvernement américain, pour sa part, n'a consenti, et seulement du bout des lèvres, qu'à livrer à son allié israélien le strict minimum de matériel militaire "indispensable"... et à la condition que les appareils israéliens se chargent eux-mêmes du transport ce qui, vu leurs moyens extrêmement limités en ce domaine, rend la mesure purement symbolique.

Pour expliquer les réticences américaines, plusieurs explications

Au Pentagone, l'arrogance et le complexe de supériorité entretenus par les Israéliens depuis des années se retournent maintenant contre eux: à tort ou à raison, les militaires américains restent convaincus que leurs protégés israéliens ont les moyens de retourner la situation à leur avantage.

Au Département d'État, la "real politk" domine, et même "Dear Henry" Kissinger reconnaîtra qu'il était finalement utile de voir les armées et les populations arabes, humiliées depuis 1948, reconquérir leur fierté face aux Israéliens.

A la Maison Blanche, Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, voit sa marge de manoeuvre réduite, et n'a aucune envie de plonger les États-Unis dans les déserts proche-orientaux moins d'un an après avoir sortis des rizières vietnamiennes.

Enfin, l'affaire du USS Liberty, ce navire espion américain bombardé par les Israéliens en 1967, reste dans bien des mémoires. En 1967, l'État hébreux n'avait pas hésité à cacher à son protecteur américain l'ampleur exacte de son offensive militaire, ni à lui démontrer, en bombardant son navire-espion, qu'il n'entendait pas se contenter de jouer le rôle de simple pion américain au Moyen-Orient

Six ans plus tard, il n'est finalement pas déplaisant, vu de Washington, de voir ces Israéliens arrogants descendre de leur piédestal et se précipiter pour implorer une aide américaine

L'un dans l'autre, ce n'est que le 14 octobre 1973, cinq jours après
les Russes, et huit jours après le début de l'offensive arabe, que Nixon ordonne finalement d'envoyer tout ce qui peut voler en Israël. En fin d'après-midi, les premiers appareils de transport américains atterrissent à l'aéroport de Lod, et commencent à décharger les munitions et le matériel dont les Israéliens ont un besoin vital, et qu'ils réclament depuis une semaine

Le lendemain, 15 octobre, l'armée israélienne passe à l'offensive et un général, dans une manoeuvre d'une audace stupéfiante, parvient à se faufiler entre les forces égyptiennes, à franchir le Canal de Suez, et à prendre à revers l'armée égyptienne, à présent coincée de l'autre côté du Canal

Ce général, qui d'un seul coup vient de redorer le blason d'un État-major israélien dont chacun disait pourtant pis que pendre, est un réserviste de 44 ans.

Il s'appelle Ariel Sharon

Aucun commentaire: