... en 1978, successivement chassé d'Iran, de Turquie puis d'Irak, le représentant le plus rétrograde du clergé chiite iranien, l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, s'était donc retrouvé dans la patrie autoproclamée des Droits de l'Homme, la très éclairée et très progressiste République française, laquelle, sans doute pour marquer son progressisme sans faille et son ouverture éclairée aux idées les plus rétrogrades de la version la plus rétrograde de la religion musulmane, lui avait immédiatement octroyé l'asile politique et offert une protection policière permanente, au grand dam de la police secrète du Chah d'Iran, et de ses protecteurs américains, qui auraient bien voulu le voir rejoindre au plus vite le Paradis d'Allah et des 72 vierges.
A quoi pensait donc le Quai d'Orsay en lui permettant, en prime, de continuer à mener sur le sol français les activités séditieuses qui contraignirent finalement le Chah à s'exiler en janvier 1979, et lui permirent à lui-même de rentrer triomphalement en Iran en février pour y faire proclamer, en avril, une République islamique dont il devint aussitôt le Guide aussi suprême que forcément éclairé ?
A quoi pensaient donc les intellectuels français héritiers autoproclamés des Lumières, en courtisant un vieillard moyennâgeux qui promettait de rétablir la chariah, ses tribunaux islamiques et leurs cortèges de lapidations et d'amputations ?
Pour le Quai d'Orsay, l'éviction d'un Riza Chah, soutenu par les Américains, au profit d'un Khomeiny, accueilli à bras ouverts en France, constituait sans doute une perspective attrayante, tout autant qu'une douce revanche sur ces Américains qui avaient évincé la France du Moyen-Orient au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
Pour les intellectuels français, les diatribes aussi innombrables que répétées de Khomeiny envers le "Grand Satan américain" les soulageaient sans doute de bien des doutes sur l'impérieuse nécessité de remplacer un Riza Chah certes autocratique mais qui, par comparaison, semblait presque parangon de démocratie et de tolérance
Dans un camp comme dans l'autre, chacun joua donc la carte de Khomeiny mais, comme on n'est jamais trahi que par les siens, leur soutien au vieillard moustachu ne rapporta jamais le moindre dividende...
En Histoire, il y a parfois une morale, mais rarement où on la voudrait.
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