lundi 21 juillet 2003

134 - deux pays, deux systèmes

... en 1972, les premières bombes à guidage laser détruisirent les ponts Doumer et Thanh Hoa, qui avaient jusque là résisté à toutes les attaques aériennes conventionnelles.

Inauguré au Vietnam, l'usage des bombes à guidage laser mit pourtant longtemps à se généraliser au sein de l'armée américaine. En 1991, lors de la première guerre du Golfe, seul 10% des bombes utilisées pouvaient être qualifiées "d'intelligentes". En 2003, lors de la seconde guerre du Golfe, c'était 90%

A cela, une raison majeure : le simple fait d'installer un dispositif de guidage (GPS, système de contrôle et de gouvernes, modification de la "peau" pour améliorer l'aérodynamisme,...) sur une bombe au demeurant fort classique revient en effet à 20 000 dollars... par bombe (!)

Rien d'étonnant dès lors à ce que les Russes - qui en possèdent pourtant quelques exemplaires - y aient renoncé en Tchétchénie, pilonnant Grozny au canon, au napalm et sous les bombes à fragmentation, l'investissant rue par rue, maison par maison, tuant des milliers de civils innocents, transformant la ville entière (en ce compris les hôpitaux), en amas de ruines fumantes dans l'indifférence des socio-conscientisés, mais en y laissant eux-mêmes 5000 hommes.

Rien d'étonnant non plus à ce que les Russes aient ensuite nourri une sombre amertume face à la prise ultra-rapide de Bagdad par les Américains

"Selon l'hebdomadaire Argumenti i Fakti, un expert du renseignement militaire (GRU) aurait estimé le coût humain de la prise de Bagdad à 5000 morts dans les rangs de la coalition et jusqu'à 500 000 parmi les Bagdadis ! Un tel pronostic relève des conceptions en vigueur dans l'armée russe, où l'on ne se soucie guère d'épargner les vies, en particulier celles des civils.

A Moscou, la seule méthode connue pour s'emparer d'une ville où les dispositifs militaires sont enchâssés dans le tissu urbain reste le pilonnage aérien. Appliquée à Grozny avec les résultats que l'on sait, cette approche date de la Seconde Guerre mondiale. Elle fait l'impasse sur les innovations technologiques, système de visée laser ou guidage par satellite, qui permettent aujourd'hui de limiter la casse.

Les difficultés budgétaires de la Défense russe ne sont pas seules en cause: nombre de généraux tiennent les «bombes intelligentes» et autres missiles de précision pour de «coûteux gadgets et non pas de véritables armes», note le chroniqueur militaire Pavel Felgenhauer.

Dans l'arsenal hérité de l'Union soviétique, il en existait, précise-t-il, quelques exemplaires - certes, déjà anciens - dont les fédéraux ont tenté l'utilisation en Tchétchénie. Faute d'avoir reçu la formation nécessaire, ils ont été incapables de les faire fonctionner"

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