... pour les historiens-comptables, pas de doute : les bombardements massifs opérés sur les grandes villes et centres industriels allemands n'ont servi à rien - si ce n'est à provoquer la mort d'innombrables civils innocents - puisque la production de matériel de guerre a ontinué à croître presque jusqu'à la fin.
Et à l'appui de leurs dires, de citer les chiffres officiels allemands, comme ceux de la production "d'avions", passée de moins de 10 000 par an en 1941 à 40 000 en 1944, soit au plus fort des bombardements alliés (!)
S'ils condescendent parfois à admettre que les chiffres officiels ont pu être surestimés pour différentes raisons, qu'ils ne disent rien sur la qualité (de plus en plus exécrable) des avions produits, ou qu'ils auraient pu être encore bien plus élevés si l'Allemagne n'avait été obligée, par les bombardements, à décentraliser et délocaliser ses usines d'un bout à l'autre du pays, les historiens-comptables s'accrochent néanmoins mordicus au fait que des "avions" sont et restent nécessairement des "avions".
A priori en effet, quoi de plus logique que de soutenir que les "avions" de 1944 étaient, aux désignations et performances près, les mêmes qu'en 1941 ou en 1939 ?
Et c'est ici que le piège se referme. Au début de la guerre, l'Allemagne construisait en effet une multitude de types et de modèles différents, allant du petit monomoteur de chasse Messerschnmitt 109 aux gros avions de transport tri et quadrimoteur Junker 52 ou Focke-Wulf 200, en passant par une kyrielle de bimoteurs de reconnaissance, de transport ou de bombardement.
Engagée dans une guerre de conquête, il lui fallait naturellement davantage de bombardiers (armes offensives) et d'avions de transport (armes de outien) que de chasseurs (armes défensives), et la part de ces derniers représentait donc moins du tiers des appareils construits
En 1944, en revanche, murée dans une guerre strictement défensive, l'Allemagne ne produisait pour ainsi dire plus que quelques types et modèles (10 en 1944, 8 en 1945) de petits chasseurs-bombardiers, mono ou bimoteur.
Or, il est bien évident - mais parfaitement ignoré des historiens-comptables - qu'il faut infiniment plus de temps pour construire un gros bombardier qauadrimoteur qu'un petit chasseur monomoteur. Dans les faits, des bombardiers quadrimoteur comme les B17, B24 et autres Lancaster (dont les Anglais produisirent plus de 16 000 exemplaires et les Américains, le double), nécessitaient 5 à 6 fois plus d'heures de travail qu'un chasseur monomoteur (!)
3 commentaires:
il y a des choses intérésante ,auquel on ne pense pas.mais c'est vrai l'industrie de guerre allemande a morflé,malgré que beaucoup d'usines ont étè entérré. quand les puits de la mer noir sont tombés,le petrole manquaient. le synthétique a partir de quoi ils le fabriquait ?
Du charbon (hydrogénation)
Super blog, je n'ai pas relevé beaucoup de fautes (mis à part dans cet article notamment où "Messerschnmitt " pique un peu les yeux) mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire de qualifier les historiens économiques, statisticiens et par élargissement quantitatifs d'"historiens comptables".
La remarque faite de la quantité est indéniable, et si il faut nécessairement prendre en compte des variables comme le facteur temps, il faut aussi considérer qu'il est peut-être (je dis bien "peut-être" car franchement je n'en sais rien) plus compliqué de détruire un chasseur qu'un bombardier... sans oublier la difficulté de piloter tel ou tel engin.
Le fondement même de l'histoire économique est d'approcher un événement d'un point de vue complètement négligé jusque là, différent de la vision factuelle des choses. Ce n'est pas toujours l'approche parfaite et il n'y a pas d'approche parfaite au final. Chaque vision est critiquable.
L'historien a un devoir d'objectivité quant à l'étude qu'il mène et il est impossible de réduire cela à de la "comptabilité" dans le sens où il a à prendre en compte de nombreuses variables, peut-être négligées dans votre article mais paradoxalement assez bien prises en compte dans les études réalisées. J'ai pris grand plaisir à lire vos articles mais ce petit interlude très critique me laisse perplexe.
Même si certains historiens sont enfermés dans des bureaux et des bibliothèques, soyez sur que ceux que j'ai eu à encadrer savent ce qu'ils analysent et ne craignent pas de mettre les mains dans la terre (pour des fouilles, évidemment).
Très cordialement,
Mathieu-Eric De Belle Isle.
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