mercredi 3 septembre 2025

9007 - raccourcir le Front

Kamikaze japonais : le sourire... malgré tout

… car l’ironie veut que  le Japon, qui en avril 1944 avait encore mobilisé un demi-million de soldats, mais aussi huit cents tanks et des milliers de véhicules et de pièces d’artillerie de tout calibre, afin de lancer en Chine une ultime offensive - Ichi -Go - visant à créer un seul et unique Front continu, courant de Pékin à Singapour en passant par Hong-Kong, Saïgon et Bangkok, l’ironie veut qu’à peine un an plus tard, ce même Japon, confronté à la fois à l’impossibilité de défendre ses nouvelles possessions contre les attaques de plus en plus nombreuses de ses adversaires, et à l’absolue nécessité de privilégier le territoire national désormais directement menacé d’une invasion américaine, n’a maintenant plus d’autre choix que d’ordonner le retrait progressif des troupes non seulement de Chine, mais aussi de Mandchourie, d’Indochine et à vrai dire de tous les territoires conquis,… en ce et y compris de ceux qui, comme la Corée, l’avaient été bien avant la guerre !

Au bout du compte, des centaines de milliers d’hommes, mais aussi d’énormes quantités de matériels et de précieuses ressources, ont donc été engloutis en pure perte.

Mais si évacuer des territoires devenus indéfendables - en d’autres termes "raccourcir le Front" - et rapatrier troupes et matériel en métropole en prévision de l’inévitable invasion du Japon constituent à n’en point douter deux objectifs militaires parfaitement légitimes, et à vrai dire indispensables dans l’épouvantable contexte où se débat actuellement l'Empire, encore faudrait-il que cette évacuation serve réellement à quelque chose !

Et c’est bien là que le bât blesse !

Passe encore pour les avions qui, à condition de disposer de réservoirs supplémentaires, et aussi d’essence pour les remplir (!), peuvent rallier le Japon d’un coup d’aile depuis un terrain chinois, mandchou, taïwanais ou encore coréen, mais comment en faire de même avec les fantassins, les canons, les tanks, les véhicules, les munitions, le matériel, tous au moins autant sinon davantage nécessaires à la poursuite de l’effort de guerre mais qui, contrairement aux aéronefs, ne peuvent y arriver que par mer, sur des cargos ou des navires de guerre devenus bien trop rares, toujours désespérément à court de mazout, et surtout perpétuellement en butte aux attaques des avions et des sous-marins américains ?

Au fil des semaines, puis des mois, ce sont ainsi des milliers et finalement des dizaines de milliers de soldats et de marins japonais, mais aussi, hélas, de prisonniers civils et militaires occidentaux sortis de leurs camps d’internement asiatiques, qui ont disparu sous les flots, sans avoir eu l’occasion de seulement apercevoir les côtes de ce Japon désormais à l’agonie mais où personne ne semble pourtant le moindrement décidé à se rendre

Refermons une fois de plus la parenthèse...

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