mercredi 9 juillet 2025

8951 - la déception

Mars 1945, près de Mandalay, un soldat britannique et une petite birmane pas franchement ravie 
"C’était toujours une déception", écrivit Slim, "d’entrer dans une ville qui avait été un nom sur la carte et un objectif pour lequel des hommes s’étaient battus et étaient morts.

Il n'y avait pas pour les vainqueurs ce frisson de défiler dans des rues qui, même ravagées, étaient celles d'une grande ville, peut-être historique, comme Paris ou Rome.

Il n'y avait pas de foules libérées pour saluer les troupes. Au lieu de cela, mes soldats marchaient prudemment, toujours attentifs aux pièges et aux tireurs d'élite, à travers un enchevêtrement de poutres brûlées et de tôles ondulées tordues, avec, ici et là, s'élevant parmi des ruines sordides, les pagodes massives ébréchées et tachées d'un temple bouddhiste.

Quelques Birmans effrayés, vêtus de misérables haillons, pouvaient les regarder et parfois même les saluer timidement, mais ce n'était certes pas un accueil très inspirant, et plus d’un soldat, réalisant le prix de ses semaines d'efforts, crachait avec mépris" (1)

En Birmanie, et aussi bien militairement que culturellement, on est en effet à des années-lumières de ce qui se passe au même instant en Europe et, n’en déplaise à Churchill mais aussi à tous ceux qui, en Grande-Bretagne, en France ou encore aux Pays-Bas rêvent toujours au Temps béni des colonies, tout laisse dores et déjà à penser que la reconquête de celles-ci ne s’arrêtera hélas pas avec une Capitulation japonaise que chacun considère à présent comme inéluctable...

(1) Hastings, op cit

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