8254 - l'ultime appareillage

Le Repulse, appareillant pour son ultime voyage, 08 décembre 1941

... Singapour, 8 décembre 1941, 17h10

C'est donc dans ce contexte extrêmement défavorable qu'à 17h10, le destroyer australien Vampire, quitte donc le port militaire de Singapour, bientôt suivi par le reste (1) de ce qu'on appelle désormais la "Force Z".

Avec le recul, on peut estimer cet appareillage bien trop précipité : s'il avait attendu un jour ou deux de plus, l'amiral Phillips aurait en effet pu bénéficier de plusieurs destroyers et croiseurs de plus, et surtout de nombreux canons antiaériens supplémentaires, lesquels auraient - peut-être - pu faire la différence contre les avions-torpilleurs japonais.

A cet égard, on peut aussi lui reprocher  de se méprendre complètement sur la nature du péril auquel sa flotte va finalement se trouver confrontée : à Pearl Harbor, mais aussi à Tarente, l'attaque a en effet été menée par des monomoteurs de porte-avions, soit par de petits appareils agiles mais à l'autonomie et à la capacité d'emport limitées.

Les renseignements n'ayant révélé la présence d'aucun porte-avions japonais dans les parages, Phillips estime donc qu’il ne court aucun risque de subir une attaque aérienne,... si ce n'est peut-être du fait de bimoteurs terrestres, c-à-d de ces mêmes appareils partis d'Indochine et qui viennent précisément de bombarder Singapour, avec un succès au demeurant très relatif.

Et même s'il n'ignore pas que les dits bombardiers sont également capables de se muer, au besoin, en avions-torpilleurs, il estime manifestement que ces gros et patauds aéronefs ne sauraient représenter une menace crédible face à des cuirassés "convenablement menés", en mesure de se défendre, et évoluant à grande vitesse en haute mer

Il se trompe...

(1) les destroyers Electra et Express avaient cependant déjà pris la mer quelques heures auparavant, afin de vérifier l'absence de mines à la sortie du port