mardi 26 novembre 2024

8116 - le pendant américain

Curtis LeMay : de meilleurs résultats que Harris, dans un contexte beaucoup plus favorable

… on a souvent dit de Curtis LeMay qu’il était non seulement le pendant américain, mais aussi le fervent disciple d’Arthur Harris, et c’est vrai que face au Japon, LeMay et ses équipages ont provoqué bien plus de morts et de destructions que Harris et ses équipages face à l’Allemagne.

Mais non content de disposer de l’expérience déjà acquise par le Bomber Command dans le bombardement des villes et des populations civiles, en particulier avec des projectiles incendiaires, LeMay a pu bénéficier quant à lui d’un contexte autrement plus favorable que Harris.

Sur le plan technique déjà, ses B-29 étaient infiniment plus modernes, plus rapides et mieux défendus que les Lancaster et autres Halifax de Harris, et n’avaient pas non plus à affronter quotidiennement une opposition aussi farouche, la DCA japonaise manquant en effet autant de canons que d’obus, la chasse japonaise autant de chasseurs performants que simplement d’essence pour les faire voler, et ni l’une ni l’autre ne pouvant de surcroit s’appuyer sur des radars ou des centres de contrôle et de coordination le moindrement dignes de ce nom.

A cela s’ajoutait, comme nous l’avons souvent mentionné, le fait que, contrairement aux villes allemandes, les villes japonaises étaient à cette époque encore très largement construites en bois, et les civils japonais, contrairement aux civils allemands, pour ainsi dire privés de tout bunker et même de toute cave qui aurait vaguement pu leur servir d’abri anti-aérien.

Mais si LeMay fut donc en mesure d’obtenir de meilleurs résultats, en moins de temps, avec bien moins de pertes dans ses propres rangs, et sans même avoir besoin de recourir à la bombe atomique, il ne fut en revanche, et contrairement à Harris, jamais maladivement obsédé par l’idée-même de détruire jusqu’à la plus petite cité japonaise et, là encore contrairement à Harris, se contenta pour sa part d’obéir simplement aux instructions reçues de sa hiérarchie et de son gouvernement, lesquels lui enjoignaient précisément tous deux de s’en prendre aux villes et à la population civiles nippones, tant chacun était encore convaincu, à ce moment-là, qu’en agissant de la sorte, on finirait bien, à la longue, par pousser le peuple japonais à la révolte, et le Japon à la reddition, préservant ainsi la vie de nombreux soldats américains…

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Finalement, la tactique de bombardement des populations civiles a fonctionné au Japon. Les 2 bombes atomiques ont contribué à un changement dans l'attitude du gouvernement et l'empereur a osé s'exprimer. Il est également quasi certain que la crainte d'une invasion russe a dû hâter la capitulation.
Que les 2 bombes furent des raisons profondes ou des prétextes pour accepter la capitulation, elles ont eu un impact majeur.

Anonyme a dit...

Votre série d'articles vise à juste raison le très sanglant Maréchal Arthur "Bomber" Harris mais Curtis Le May n'était pas mal non plus dans le genre : Il parlait ouvertement dans la presse de "ramener le Japon à l'âge de pierre" et il faut souligner qu'il fut un des premiers à utiliser une arme atroce ( qui a été abondamment utilisée lors de la guerre du Vietnam et a énormément terni la réputation des Etats Unis, y compris dans leur propre jeunesse étudiante) à savoir les bombes au napalm.
Pas vraiment efficace contre les militaires allemands fanatisés de la garnison de l'îlot de Cézembre (devant Saint Malo) lors du Débarquement de Normandie , terrés dans de très solides bunkers bien étanches,ou le dernier carré de la garnison allemande de Royan, était en revanche atroce contre les civils des villes et des campagnes sans défense, l'armée française l'a d'ailleurs utilisée sans états d'âme lors des guerres de décolonisation (Algérie, Tonkin, Annam) .
Curtis Le May, qui plaida ouvertement pour l'usage de la bombe atomique contre les communistes chinois et -tant qu'à faire- la Russie soviétique a été brocardé en "Général Turgidson" par Stanley Kubrick dans son très iconoclaste film Docteur Folamour.