jeudi 11 mars 2021

6669 - où est la porte de sortie ?

Rudolf-Christoph von Gersdorff, un "kamikaze" qui, à quelques minutes-près, aurait pu tuer Hitler...
Manstein, nous l’avons dit, n’est que la partie la plus proéminente d’un iceberg de généraux  qui n’aiment pas Hitler et comprennent fort bien que celui-ci est occupé à conduire l’Allemagne droit vers l’abime, mais le problème, c’est que ni Manstein ni aucun d’entre-eux n’est prêt et disposé à endosser l’uniforme de Sauveur de la Patrie, et à brandir ouvertement l’étendard de la rébellion !

Non contents d’être ultra-minoritaires, ceux qui, comme le général Henning von Tresckow, militent en faveur d’un changement de régime, et appellent même à assassiner le Führer, ne sont, au mieux, que des "seconds couteaux" totalement inconnus du grand public, donc bien incapables d’incarner une nouvelle légitimité au sein de l’Armée et de la population.

Et ils sont aussi - et c’est bien là le drame - fort soucieux de leur sécurité personnelle : à de rarissimes exceptions-près, personne parmi eux n’éprouve vraiment l’envie de sacrifier sa propre vie en se mettant en avant ni, a fortiori, en tirant sur le dictateur au beau milieu de ses partisans, ou encore en se faisant sauter à ses côtés au moyen d’une bombe !

Dès le départ, chacun des plans laborieusement ourdis pour assassiner Hitler implique donc d’offrir une "porte de sortie" - fut-elle terriblement étroite - à l'assassin,… ce qui s’avère d’autant plus difficile que Hitler, de son côté, multiplie comme nous l’avons vu les mesures de sécurité autour de sa personne !

Et quand le plan finit par être au point, c’est alors la malchance qui s’en mêle.

Le 13 mars 1943, Tresckow est ainsi parvenu à dissimuler une bombe dans une caisse de  bouteilles de cognac supposément offertes en présent à un général de l’OKW, et qu’un aide-de-camp, sans savoir ce dont il s’agissait, a ensuite embarquée à bord de l’avion personnel d’Hitler, lequel devait redécoller de Smolensk. Mais le détonateur, défectueux ou alors figé par le froid, n’a pas fonctionné (1), et l’avion du Führer s’est posé sans encombre !

Huit jours plus tard, c’est Rudolf-Christoph von Gersdorff qui, après avoir enclenché la minuterie de la bombe qu’il porte sur lui, ne parvient pas à s’approcher d’Hitler qui visite au pas de course l’Arsenal de Berlin à l’occasion de la Heldengedenkfeier ("Journée de la Commémoration des Héros")

Quand rien ne va…

(1) par une chance inouïe, Tresckow avait néanmoins réussi à récupérer ces bouteilles juste avant qu’elles ne parviennent à leur destinataire
(2) après le départ d'Hitler, Gersdorff parviendra à désamorcer sa bombe in-extremis

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