Le cuirassé Iowa, début 1944. |
Si le sort des "vrais" porte-avions d’Ozawa est désormais scellé, ces hybrides, qui ont conservé l’essentiel de leur armement, et en particulier quatre de leurs six tourelles, demeurent menaçants et de surcroît étonnamment résistants aux bombes d’avions, ce pourquoi Halsey, très "grand siècle", a décidé de les finir au canon, comme au temps de Nelson, et d’offrir ainsi à l'US Navy le Trafalgar dont elle rêve depuis la première bataille de cuirassés, à Hampton Roads, en 1862 (1)
Mais les multiples appels de détresse en provenance de Leyte finissent par bouleverser la donne : à 11h15, Halsey ordonne alors à ses cuirassés de virer de 180 degrés, et d’abandonner la poursuite des navires d’Ozawa au profit de ceux de Kurita... qui sont déjà en pleine retraite !
C'est ce qui s'appelle troquer la proie pour l'ombre : propulsés par plus de 200 000 CV, et donnés pour 33 nœuds, les Iowa et New Jersey sont certes les cuirassés les plus rapides jamais construits, mais ils doivent composer avec les plus anciens Alabama, Massachusetts, South Dakota et Washington, qui valent 4 ou 5 nœuds de moins, et surtout avec les indispensables destroyers d’escorte qui siphonnent leurs réservoirs à une cadence si vertigineuse qu'il faut les ravitailler en route, opération qui ne peut s’opérer qu’à allure réduite.
A 16h20, désespérant de parvenir à rejoindre Kurita, Halsey décide de jouer le tout pour le tout et de poursuivre avec les seuls Iowa et New Jersey, accompagnés des croiseurs et destroyers les plus rapides.
Mais cette ultime charge qu'il voudrait héroïque ne se referme hélas que sur le vide, ou plus exactement sur le seul et malheureux destroyer Nowaki, traînard de Kurita, qui est expédié en quelques obus...
(1) Saviez-vous que... - 607-608
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