... sur le pont du Lusitania en train de sombrer, le milliardaire Alfred Vanderbilt a revêtu son gilet de sauvetage. Soudain, il avise une vieille femme de chambre qui en est dépourvue.
Spontanément il lui tend la sienne - Alfred Vanderbilt ne sait pas nager - mais celle-ci aperçoit à son tour une jeune femme : "je suis vieille, elle n'en a pas non plus, donnez-la lui".
Et Vanderbilt de s'exécuter avant de s'éloigner. Comme Benjamin Guggenheim, comme Jacob Astor, comme Isidore Strauss trois ans plus tôt sur le pont du Titanic, il tient lui aussi à mourir dignement, avec classe, "in a gentleman-like manner".
Sur l'U-20, Schwieger jette un dernier regard dans le périscope. Son attention s'attarde sur la poupe du bâtiment en train de sombrer, "Lusitania" note-t-il. C'est la guerre, "Kein bedavern", pas de regrets, et pas question de s'attarder : les analyses ce sera pour plus tard, pour les historiens, pour les philosophes. Maintenant il est temps de s'enfuir, forfait accompli, d'échapper aux meutes de contre-torpilleurs qui vont forcément se lancer à ses trousses.
Sourds grondements de chaudières qui explosent, cris de terreur, appels au secours, confusion,…. la "Reine des Océans" s'enfonce dans sa tombe liquide, emportant plus de 1 500 personnes avec elle.
Il est 14H25.
Dans le monde, l'indignation est énorme. "Washington croit qu'une grave crise se prépare", titre le New-York Times.
L'ambassadeur d'Allemagne est immédiatement convoqué à la Maison Blanche. "Nous les avions mis en garde !" affirme-t-il. Le Président Wilson exige des excuses, un désaveu public, un dédommagement pour les victimes. L'Allemagne de Guillaume II refuse de condamner l'acte de son capitaine, mais accepte néanmoins de verser des indemnités aux victimes américaines (124 morts sur 168), et s'engage à ne plus attaquer de paquebot sans avertissement.
L'affaire en restera là pour un temps, jusqu'à ce jour du 1er février 1917, où l'annonce par les autorités allemandes d'une guerre sous-marine totale et à outrance, quelle que soit la nationalité des bâtiments visés, entraînera la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis, puis l'entrée en guerre de ces derniers le 6 avril suivant.
Souvenez-vous du Lusitania...
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