lundi 2 juin 2025

8914 - Ocean Queens...

4 mai 1945 : un kamikaze s'abat sur le pont de l'Indomitable : "Balayeurs, à vos balais !"
… à ma gauche, les Ocean Queens, les Reines de l’Océan (1), soit les porte-avions américains des classes Essex (2) et Ticonderoga (3) d'environ 28 000 tonnes, que les chantiers navals sortent pour ainsi dire à la chaîne, et que l’US Navy parvient désormais à mettre en service au rythme, hallucinant, d’un bâtiment par mois !

A ma droite, les porte-avions britanniques des classes Illustrious (4) et Implacable, plus petits d’une trentaine de mètres, mais incorporant pour leur part un pont d’envol blindé alors que, côté américain, le blindage se limite au pont du hangar à avions lui-même, et ne protège donc que ce qui se trouve en-dessous, autrement dit les machines, les réservoirs de mazout et d’essence pour avions, ou encore les soutes à munitions.

On a beaucoup vanté, y compris du côté américain, la supposée supériorité de la conception britannique, en particulier contre les attaques de type kamikaze.

Selon la célèbre boutade d’un officier de liaison de l'US Navy à bord l’Indefatigable, "Lorsqu'un kamikaze frappe un porte-avions américain, cela signifie six mois de réparation à Pearl Harbor. Lorsqu'un kamikaze frappe un porte-avions Limey (5), c'est juste une affaire de "Balayeurs, à vos balais""

Dans la pratique, il est vrai, une attaque kamikaze réussie contre un Essex contraint presque toujours le bâtiment à quitter la zone de combats pour aller se faire réparer durant plusieurs jours et, dans le pire des cas, plusieurs mois, tandis que la même attaque sur un porte-avions britannique n’entraîne le plus souvent que des dégâts mineurs et facilement réparables sur place.

L’onde de choc a en revanche l’inconvénient de se répercuter dans tout le bâtiment, et est susceptible de lui occasionner des dommages structurels très difficiles à réparer, mais dont on ne se rendra compte que des mois voire des années plus tard.

Le véritable inconvénient est toutefois ailleurs…

(1) en anglais, un navire est toujours de sexe féminin
(2) à cette date, l’inventaire américain comportait encore les bien plus anciens Enterprise et Saratoga
(3) les Ticonderoga sont des Essex améliorés et allongés d’environ 5 mètres
(4) l’Indomitable est un Illustrious amélioré, avec un second hangar pour avions
(5) expression argotique américaine pouvant se traduire par "angliche" ou "rosbif"

1 commentaire:

  1. Anonyme2:16 a.m.

    Bonjour !, l'expression Limey pour désigner les angliches, est assez maritime : Limey vient de Lime c'est à dire la limette, autrement dit le citron vert.
    La hantise de la marine à voile jusqu'au début du XX° siècle c'était le scorbut, une carence aigüe en vitamine C par la faute de la nourriture peu variée et du manque de légumes et de fruits frais. Les vertus des jus d'agrumes étaient connues, mais leur conservation posait problème. Les matelots anglais étaient priés d'absorber aussi souvent que possible du jus de citron (dans le thé après la conquête de Ceylan et des Indes françaises)...d'où le surnom (alors que pour les terriens , l'anglais est avant tout un rosbif , car au XIX° siècle l' Angleterre regorgeait de bétail paissant sur les grasses prairies du kent ou du shropshire et la viande n'était pas très chère.

    Par ailleurs le rhum (parcimonieusement dosé, comme le boujaron d'eau de vie de raisin sur les bateaux français) avait remplacé la bière comme boisson stimulante sur les vaisseaux du roi... L'amiral Vernon (connu pour porter des tenues de mer en soie "gros grain " imperméabilisée (hé oui, çà existait au XVIII et XIX° siècle, en particulier pour les ballons à hydrogène) avait imposé la mixture thé+Citron+rhum à bord.

    Comme ses tenues de mer en soie "Gros grain" (Translittéré en grogram en anglais) lui avaient valu le nom de Old Grog...le nom est resté à la boisson favorite des gens enrhumés, mouillés, et des skieurs rafraîchis par les bûches et autres gamelles la neige.

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