jeudi 6 juin 2019

6045 - défaite... ou victoire ?

La flotte alliée bloquée, et coulée, aux Dardanelles. Carte postale allemande
... dans les années d'après-guerre, et encore aujourd'hui, certains historiens et analystes s'efforcèrent néanmoins de relativiser l'échec de la Campagne des Dardanelles : sans aller jusqu'à soutenir qu'elle s'était soldée par une victoire alliée, ils affirmèrent qu'elle n'avait en tout cas pas été une défaite, en raison de quatre arguments principaux :

*les pertes matérielles subies par les Alliés n'avaient guère d'importance puisque se limitant, pour l'essentiel, à six pre-dreadnought obsolètes et de toute manière promis à la ferraille à brève échéance

* les pertes humaines étaient à peu près équivalentes dans les deux camps, mais en définitive bien plus facilement supportables par les Alliés, notamment grâce à leurs ressources humaines - pour ne pas dire leur chair à canon - plus abondantes

* il en allait de même du coût financier : déjà pauvre avant la guerre, l'Empire ottoman était en effet sorti saigné à blanc de cette Campagne, qui avait en revanche à peine entamé les ressources de ses adversaires

* enfin, l'objectif de la Campagne étant après tout de venir en aide à la Russie en soulageant la pression qu'elle subissait du fait de l'entrée en guerre des Ottomans, cet objectif avait bel et bien été atteint puisque, pendant près d'une année complète, l'armée ottomane n'avait eu d'autre choix que d'allouer de nombreuses divisions d'Infanterie à la défense de la Péninsule, privant ainsi les autres Fronts, et en particulier le Front russe, de ressources importantes.

De loin le plus intéressant, ce dernier argument peut néanmoins être facilement retourné, en soulignant que, côté allié, le Front Ouest - qui était, et de loin, prioritaire - avait lui aussi été privé des nombreuses divisions d'Infanterie employées, ou plutôt gaspillées, à Gallipoli.

Enfin, l'objectif de la Campagne - rappelons-le - était moins de "soulager la pression qui pesait sur la Russie" que de rétablir avec elle un lien maritime direct, et ce en forçant le passage des détroits, opération dont on attendait d'autre part qu'elle cause la chute de l'Empire et raccourcisse ainsi la guerre en Europe...

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
On trouve ici un paquet d'argument spécieux et faux, typiques d'une "histoire écrite par les vainqueurs".
Les pré-dreadnoughts étaient certes des pièces de musée obsolescentes promises à la ferraille...mais leurs équipages étaient des vrais spécialistes: officiers, canonniers télémétristes, mécaniciens...etc ....pas si faciles à remplacer et qui auraient pu constituer les équipages de navires plus modernes sortis des chantiers anglais et français.
Côté infanterie et armée de terre, on peut, avec un cynisme très aristocratique, considérer les troupes coloniales (françaises et anglaises) ou les soldats des dominions (ANZAC) comme des citoyens de 2°, 3° ...N° zône, il n'empêche qu'ils sont morts en pure perte.

Pour finir, n'oublions pas que déclarer la guerre à la Turquie n'était pas initialement une fatalité (malgré la poudrière balkaniqie) et que Churchill, en réquisitionnant les deux navires de guerre achetés par les turcs aux chantiers anglais a fait monter la mourtarde au nez (chatouilleux) des Ottomans nationalistes...qui ont béni l'arrivée de Whilhelm Souchon et de son puissant croiseur de bataille....