mercredi 17 août 2022

7294 - l'outrage

Soldats soviétiques fêtant leur victoire en  Mandchourie : demain au Japon ?
 … Moscou, 10 août 1945

Dans le même temps, à Moscou, le Ministre Molotov, recevant l’ambassadeur des États-Unis William Averell Harriman, ne manque pas de faire savoir à l’Américain que, vu le refus persistant des Japonais d’accepter une "Capitulation sans condition" - refus qui, comme nous l’avons vu, fait précisément les affaires des Soviétiques - l’URSS entend bien poursuivre son offensive en Mandchourie, une volonté à laquelle Harriman, bien que sans illusion sur le rôle que compte jouer l’URSS dans l’après-guerre, et lui-même anti-communiste, ne peut qu’acquiescer.

Mais l’affaire se corse néanmoins peu après, lorsque Molotov, dans le fil de la conversation, fait alors valoir que l’URSS, en tant qu’alliée des États-Unis dans la lutte contre le Japon, entend également prendre part à la future occupation militaire du pays et, plus fort encore, y nommer son propre commandant pour l’administrer conjointement avec MacArthur !

Pour Harriman, il s’agit ni plus ni moins que d’un outrage ! Jamais, dit-il les États-Unis n’accepteront une telle demande, alors que l’URSS n’est dans la guerre que depuis deux jours seulement !

Au bout du compte, parce qu’il sait jusqu’où ne pas aller trop loin, et qu’il ne dispose pour l’heure d’aucune bombe atomique dans son arsenal (1), Staline finira par renoncer à sa demande d’Occupation, et par accepter la nomination de MacArthur en tant que seul et unique commandant des forces alliées au Japon…

(1) la première bombe atomique soviétique ne sera testée avec succès qu'en septembre 1949

 

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