lundi 14 octobre 2019

6175 - "Ils vont me faire débarquer avec des forces inadéquates et me mettre sérieusement en danger. Et qui alors en portera le blâme ?",

Soldats américains, avec des dindes de Noël. Hiver 1943-1944
... car échaudé par ces trois mois au cours desquels lui-même et ces hommes ont été confrontés en permanence à la féroce et très efficace résistance des Allemands, Lucas s'attend tout naturellement à revivre la même expérience aussitôt qu'il débarquera à Anzio,... et qu'il y débarquera non pas avec des effectifs supérieurs, comme à Salerne, mais bien avec des effectifs largement... inférieurs à ceux de l'ennemi !

Dit autrement, avant-même que ne débutent les opérations, Lucas est dores et déjà hanté par la crainte que celles-ci ne débouchent finalement, et comme à Gallipoli, par un épouvantable et bien inutile massacre, suivi d'un fort humiliant rembarquement, ce qui, chacun en conviendra à nouveau, n'est certes pas de nature à inciter qui que ce soit à prendre des risques !

Et c'est d'autant plus vrai que Lucas n'a par ailleurs, et tout comme Dawley, aucune confiance en son chef ni dans le plan que celui-ci lui a soumis et qu'il lui demande à présent de réaliser sur le terrain...

Peut-être plus grave encore est sa conviction profonde qu'en cas d'échec, et a fortiori d'échec sanglant, il se retrouvera seul à devoir en répondre non seulement devant ses pairs, mais aussi devant l'Histoire.

"Ils vont me faire débarquer avec des forces inadéquates et me mettre sérieusement en danger. Et qui alors en portera le blâme ?", écrit-il également dans son journal, le 10 janvier 1944

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour et félicitations pour ce Blog.

Il faut remarquer que le Général Lucas n'avait pas directement vécu la débâcle de Gallipoli, mêrme si'il l'évoque comme l'exemple à ne pas suivre dans son journal.
Il avait servi sur le front de France, sans coup d'éclat mais sans catastrophe durant la 1° GM.
Ceelà montre bien à quel point cette défaite de "l'homme blanc civilisé" face à des "barbares retardataires" avait frappé les autorités civiles et militaires en place drant la Guerre 14 - 18, tout comme les défaites Russes face aux japonais à Port Arthur et Tsoushima.

Avant la guere de 14 l'Empire Ottoman était "lhomme malade de l'Europe" et ses armées et surtout sa marine étaient tournées en ridicule (l'infatuation de l'homme blanc!). On trouve une anecdote très divertissante dans les mémoires d'un ancien commandant de Grands Voiliers de commerce , Le Cdt Hayet.

Il était, da,s sa jeunese, vers 19010, troisième officier sous les ordres d'un commandant plus que tâtillon, maniaque de l'ordre et des manoeuvres impeccables menées à bien en silence et en un temps record.

Dès que ce tyrannique "pacha" ou "Grand mât" constatait le moindre manquement à l'ordre et à la propreté , il levait les bras au ciel en s'écriant: "Mais, quele laissez aller! je commande donc un bateau de Turcs!!!", si bien que les trois pilotins (élèves officiers de la marine marchande),embarqués comme stagiaires, avec leur esprit estudiantin s'étaient surnommés entre eux Ali, Achmed et Abdoullah ...et que, en aparté Hayet (1° lieutenant) et le second, adjoint direct du commandant parlaient (discrètement) des lubies du "Raïs".

Et Hayet d'expliquer que à cette époque, les navires turcs (à la guerre comme au commerce) étaient menés à la diable, à grand renfort de cris et dans une pagaille indscriptible qui justifiait l'apppellation peu flatteuse de "bateau de turcs"...