samedi 8 septembre 2012

3473 - l'héritier

... après la disparition de son jumeau Bismarck en mai 1941 (1), le Tirpitz, mis en service trois mois plus tôt, était devenu le plus puissant navire de surface allemand, mais aussi, et surtout, le seul et le dernier de son espèce.

De par sa puissance, il était l’incarnation parfaite des rêves et fantasmes du Reich-de-Mille-ans mais, construite exclusivement sur de gros canons et d’épaisses plaques de blindage, cette puissance ne voulait hélas plus rien dire depuis l’accession du porte-avions au rang de nouveau roi des océans.

Pire encore : loin de constituer un avantage, sa singularité allait en fait le poursuivre comme une malédiction tout au long de sa fort décevante carrière, car sa perte éventuelle aurait assurément bouleversé l’Allemagne et jeté une ombre funeste sur le régime hitlérien, raison pour laquelle le Führer s’était d’ailleurs toujours refusé, malgré plusieurs demandes de la Kriegsmarine en ce sens, à voir son nom attribué à un quelconque navire de guerre, c-à-d à une arme certes aussi unique que lui mais toujours susceptible de se retrouver en cale sèche pour plusieurs mois ou, pire encore, au fond de l’eau de manière définitive !

En conséquence, et pendant un an, l’orgueil de l’Allemagne et de la Kriegsmarine avait tout bonnement été envoyé en Baltique, où il ne ne risquait certes pas grand-chose mais ne menaçait personne non plus, si ce n'est de fantomatiques navires soviétiques.

A la fin de 1941, la montée en puissance des convois alliés vers la Russie avait néanmoins fini par convaincre Hitler qu’il pourrait, sans lui faire courir de trop gros risques, l’expédier en Norvège (2) où, mis à l'ancre et camouflé dans le Fættenfjord, près de Trondheim, il serait alors en mesure, du moins si les circonstances s’avéraient favorables, de s’en prendre aux dits convois...

(1) Saviez-vous que... 3381 à 3384
(2) Saviez-vous que... 3390

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