dimanche 15 avril 2012

3327 - la sanction de l'oubli

... en Corée, la toute-puissante Amérique n'a pas gagné la guerre, mais le fait qu'elle ne l'ait pas davantage perdue ne pouvait constituer qu'une bien piètre satisfaction pour une nation aussi orgueilleuse.

Sur le papier, l'agresseur nord-coréen avait sans doute été ramené à son point de départ, l'allié sud-coréen à peu près réinstallé dans ses frontières, et un message clair envoyé à l'ensemble du monde communiste.

Mais la Corée du Nord n'avait pas été punie pour son geste et Kim Il-Sung chassé de son trône, la Corée du Sud n'était plus qu'un amas de ruines par ailleurs toujours contrôlées par un autre dictateur, et si Moscou n'avait que peu de raisons de se réjouir de l'armistice et de la mort de Staline, Mao avait en revanche clairement tiré les marrons du feu, et la Chine communiste était devenue un acteur incontournable dans toute l'Asie.

A l'évidence, les maigres résultats engrangés sur le terrain ne valaient certes pas leur coût humain et financier ni celui, politique, payé par un Président poussé à ne pas briguer un second mandat, et un parti Démocrate précipité dans des abîmes d'impopularité puis contraint de céder la place à des Républicains à ce point bellicistes qu'ils allaient jeter les fondations d'un "complexe militaro-industriel" si puissant qu'Eisenhower - pourtant Républicain lui-même - finirait par le dénoncer.

Quant aux soldats américains qui, pendant trois ans, avaient versé le sang et perdu des dizaines de milliers de leurs camarades pour un guerre qu'ils n'avaient jamais compris et un pays où ils s'étaient toujours sentis étrangers, pour ceux-là, ce ne furent pas les parades et les vivats, mais bien le désintérêt et l'oubli, qui sanctionnèrent leur retour au pays...

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