3319 - à l'usure...

... Panmunjom, 27 juillet 1953, 10h00

Après deux ans d'atermoiements, de ruptures spectaculaires et de reprises discrètes, et moins de deux semaines après la meurtrière - et inutile - conquête de Pork Chop Hill par l'armée chinoise, les négociateurs des deux camps se sont enfin entendus pour signer un armistice.

Ils se sont même entendus sur l'érection, à Panmunjom, et en seulement 48 heures, d'un bâtiment destiné à la fois à abriter les signataires et aussi à conférer un minimum de solennité (1) à l'événement...

Ni les constantes escarmouches sur le terrain, ni les multiples tentatives de Kim Il-Sung et, surtout, de Syngman Rhee pour torpiller les pourparlers, rien de tout cela n'aura finalement pu empêcher Américains et Chinois de mettre un terme à cette folie qui, pendant trois longues années, a ensanglanté la malheureuse Corée.

Pour ajouter au tragique, et malgré des millions de morts et de blessés, cette même Corée se retrouve de surcroît, à quelques rectifications mineures de frontières-près, ramenée à son point de départ, c-à-d séparée à hauteur du 38ème Parallèle entre deux régimes aussi despotiques l'un que l'autre mais qui, en trois ans, ont appris à se radicaliser et à se détester encore davantage, minant ainsi, et pour des décennies, toute perspective de réconciliation nationale.

Chez les signataires, personne du reste n'a de raison de se réjouir de cet accord obtenu uniquement à l'usure, de cet accord où l'on ne trouve ni vainqueur ni vaincu mais seulement des cadavres, des estropiés, des veuves, des orphelins et un pays en ruines...

(1) rappelons que depuis leur transfert de Kaesong à Panmunjom, soit depuis le 25 octobre 1951, les pourparlers s'étaient jusque-là toujours déroulés sous de simples tentes...