jeudi 24 novembre 2011

3184 - "nous sommes confrontés à une toute nouvelle guerre"

... Tokyo, 28 novembre 1950, 22h00

C'est un MacArthur métamorphosé qu'Almond - mais également Walker, lui aussi rappelé d'urgence du Front coréen - va finalement rencontrer à Tokyo, dans son palais du Dai-Ichi.

Finie l'arrogance et évanouies les certitudes : la réalité, celle des combats et d'une vaste offensive chinoise que personne ne peut plus nier et que nul ne sait comment arrêter, cette réalité vient de subitement rattraper le grand homme, et même de le frapper de plein fouet.

"Le vin de la victoire", écrira l'historien Clay Blair, "avait tourné au vinaigre". MacArthur "avait été surclassé en intelligence comme en stratégie par un tas de "blanchisseurs chinois" qui n'avaient aucun support aérien, aucun tank et très peu d'artillerie, de moyens de communications modernes et d'infrastructure logistique" (1)

Même s'il continue de sous-estimer gravement l'ampleur des moyens déployés par son adversaire, MacArthur, effondré, n'a plus d'autre choix que de publier un communiqué qui signe l'arrêt de mort de ses rêves de gloire : "Nous sommes confrontés", écrit-il, "à une toute nouvelle guerre" avant d'ajouter aussitôt, et dans ce qui va également constituer le premier jalon de son auto-disculpabilisation, que "son commandement a fait tout ce qui lui était humainement possible de faire dans la limite de ses capacités mais doit à présent faire face à des conditions au-delà de son contrôle et de ses moyens".

Dans les jours, les semaines et finalement les années qui vont suivre, le grand homme n'aura d'ailleurs de cesse que de s'exonérer lui-même de toute responsabilité et de reporter tout le poids du désastre coréen sur d'autres épaules que les siennes, à commencer bien sûr par celles des politiciens qui, à Washington, n'auraient jamais rien compris à cette guerre et jamais fourni les moyens de la gagner...

(1) Halberstam, op cit, page 439

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