mardi 22 novembre 2011

3182 - Marines échaudé...

... lorsque MacArthur avait planifié son débarquement à Inchon, Smith, en tant que commandant de la 1ère Division de Marines comme de vétéran de la Guerre du Pacifique, s'attendait tout naturellement à s'en voir confier la tête.

Or, à la surprise - pour ne pas dire à la consternation - générale, celle-ci avait finalement échu à Almond, dont les états de service lors de la guerre précédente étaient pour le moins discutables, et dont la principale qualité résidait bien davantage dans sa fidélité aveugle à MacArthur qu'à un quelconque talent militaire.

En parfait soldat, Smith s'était incliné mais n'avait pas tardé à constater que le choix de MacArthur était particulièment malavisé : Almond, à présent son supérieur, ne manifestant en effet qu'une compréhension très limitée à l'égard des choses de la guerre, mais exigeant de Smith et de ses hommes qu'ils brûlent toutes les étapes et prennent tous les risques afin d'atteindre au plus vite les objectifs fixés par le grand homme.

Si c'est un euphémisme de dire que les rapports entre Almond et Smith étaient "tendus" bien avant le franchissement du 38ème Parallèle, le dit franchissement, et la lente remontée vers le Yalu, n'avaient cependant fait qu'exacerber les tensions : en bon Marines qui partageait tout, y compris la tente et la popotte, avec ses hommes (1), et en tant qu'ancien de Peleliu qui avait pu juger à loisir des obsessions et des errances de MacArthur, Smith avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger sa Division face au piège qu'il était un des rares, sinon le seul, à pressentir.

Et si on ne pouvait pas l'accuser de sabotage à proprement parler, sa volonté de "se presser lentement" et de ne jamais éparpiller ses effectifs et ses moyens frisait en tout cas l'insubordination et s'était maintes fois heurtée à celle d'Almond, qui exigeait tout le contraire.

Mais Smith avait été encore plus loin, n'hésitant pas à constituer, à intervalles réguliers, des dépôts de carburant, de vivres et de munitions, tout au long de la route qui le menait vers le Yalu, et ce dans l'éventualité où il devrait battre en retraite.

Des dépôts qui, dans quelques jours, allaient sauver la 1ère Division, et des milliers de Marines, d'un complet anéantissement...

(1) par contraste, Almond ne logeait que dans une confortable roulotte chauffée et entretenait plusieurs cuisiniers pour préparer la nourriture qu'il se faisait livrer par avion depuis Tokyo

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