vendredi 18 novembre 2011

3178 - "les choses paraissent toujours plus claires quand on les examine de plus loin"

... si les soldats et officiers subalternes qui opèrent sur le terrain coréen sont tous convaincus que c'est bel et bien le "Big One", la "Grande affaire", cette certitude, et cette angoisse, s'amenuisent à mesure que l'on s'éloigne du Front... et que l'on grimpe dans la hiérarchie militaire.

Depuis que les guerres existent, les chefs, il est vrai, se doivent de ne jamais blêmir à l'annonce d'une mauvaise nouvelle mais, au contraire, de se donner le temps d'analyser la situation et, grâce à leur calme bien évidemment inébranlable, de convaincre leurs subordonnés qu'il n'y a en fait aucune raison de paniquer, que tout ne va pas aussi mal qu'ils le pensent, et que la guerre finira quand même par être gagnée.

Après tout, même un chef aussi peu réaliste qu'Hitler avait eu raison, au cœur du désastreux hiver de 1941-1942, de faire observer à ses généraux, et particulièrement à Guderian (1) qu'il importait avant tout de "prendre davantage de recul" et que les choses paraissaient toujours plus claires "quand on les examinait de plus loin" (2)

Encore faut-il, évidemment, que cette légitime volonté de "calmer le jeu" le temps d'une saine réflexion ne se transforme pas en procrastination, en constant déni de la réalité,... ou en volonté délibérée de masquer à son supérieur la véritable gravité de la situation sur le terrain.

Le problème, en cette fin de novembre 1950, c'est que personne, et pas même un homme aussi peu suspect de flagornerie que Walton Walker, ne tient particulièrement à endosser l'odieux d'une défaite, a fortiori d'une déroute, et pas davantage à être celui qui devra ensuite l'annoncer à MacArthur, brisant ainsi, et probablement à tout jamais, les rêves de Gloire éternelle du grand homme.

Il y en a même pour être à ce point convaincus que tout va pour le mieux qu'ils se préparent à monter une nouvelle offensive...

(1) Guderian était venu le supplier d'autoriser le retrait de la IIème armée de Panzers, menacée d'encerclement suite à la contre-offensive soviétique devant Moscou
(2) Kershaw, Hitler, tome 2, pages 664-665

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