samedi 12 novembre 2011

3172 - "à la clémence de l'ennemi"

... ici, ce sont des officiers qui décident d'abandonner leurs blessés, ou carrément leurs propres combattants, afin de fuir plus rapidement dans la nuit.

Là, ce sont des tanks qui, d'un rapide mouvement de tourelle, et pour se soustraire eux-mêmes aux tirs de l'adversaire, font dégringoler les fantassins qui s'imaginaient avoir trouvé le salut, et un moyen de locomotion bien pratique, sur le châssis.

Et qu'importe si, dans ce froid glacial - la température est tombée sous les -20 degrés - qu'importe si les blessés, abandonnés selon la formule consacrée "à la clémence de l'ennemi", n'ont en vérité aucune chance de survivre.

Et qu'importe si les fantassins ainsi précipités au sol se font immédiatement hacher menus par l'ennemi ou alors aplatir par le char qui suit et déboule à toute vitesse : dans le futur communiqué bien évidemment estampillé "du Quartier-général de MacArthur", les uns et les autres seront simplement déclarés "morts ou disparus héroïquement au combat" et dans la juste lutte "du Monde libre contre l'agression communiste", vains moments de grandiloquence qui couvriront néanmoins fort efficacement le travail des tankistes forcés de nettoyer, en silence, le sang et les morceaux de cervelle que le froid aura figé dans les garde-boues ou sur les roulements.

Mais pour les survivants qui retraitent à présent dans la neige, ou qui s'efforcent maladroitement d'improviser des lignes de défense presque aussitôt emportées par l'adversaire, pour ceux-là, le pire, au fond, c'est sans doute de ne rencontrer que doute et incompréhension au sein d'une hiérarchie militaire qui, anesthésiée par le constant triomphalisme de MacArthur, s'avère plus que jamais incapable d'appréhender la réalité...

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