mardi 1 novembre 2011

3161 - "céder à une proposition aussi immorale ruinerait notre leadership et notre influence en Asie"

... Tokyo, 9 novembre 1950

Pour expliquer l'absence de réaction de Washington, il y a évidemment les succès, le charisme, l'immense stature de MacArthur, qui découragent toute critique, et même toute idée de critique

Mais il y aussi la faiblesse politique de Truman qui, le 7 novembre vient d'être éreinté aux élections de mi-mandat, lesquelles ont vu le triomphe des Républicains et d'un Joseph McCarthy à l'anti-communisme virulent.

Et il y a enfin l'indécision chronique qui règne au Pentagone, où la lecture des chiffres de Willoughby n'a certes convaincu personne, mais où l'on s'est contenté, le 8 novembre, de simplement "suggérer" une révision des objectifs coréens à la lumière des événements d'Unsan.

Une simple "suggestion" que le grand homme a néanmoins très mal pris : pas question pour lui de camper, comme chacun le lui recommande à présent, sur des positions uniquement défensives et de jouer par là-même ce qu'il considère comme une "politique d'apaisement" digne d'un "nouveau Munich".

"Concéder une quelconque partie de la Corée du Nord à l'agression des communistes chinois constituerait",
réplique-t-il sèchement le 9 novembre, "la plus grande défaite du Monde libre à date. En fait, céder à une proposition aussi immorale ruinerait notre leadership et notre influence en Asie et rendrait notre position intolérable militairement et politiquement" (1)

En temps normal, et pour n'importe qui d'autre que MacArthur, pareille déclaration, qui fait d'ailleurs suite à une incroyable succession de provocations et d'insubordinations, vaudrait sinon un congédiement du moins une sévère réprimande à son auteur.

Mais malheureusement, rien n'a jamais été normal dans cette guerre...

(1) ibid, page 386

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