3154 - comme frapper un mur de briques

Unsan, 25 octobre 1950

A une cinquantaine de kilomètres au Nord de Pyongyang, insensibles à l'humour de Bob Hope, les hommes de la 1ère Division sud-coréenne poursuivent leur progression vers le Yalu.

Si pour ceux-là aussi la victoire finale ne semble plus faire aucun doute, ils n'ont cependant pu s'empêcher, quelques kilomètres après le village d’Unsan, d’éprouver un curieux malaise face au silence qui s’est subitement abattu sur la région.

Et de fait, ce silence irréel est bientôt déchiré par un violent barrage d’artillerie, surgi de Dieu-sait-où.

"C’était comme frapper un mur de briques", en dira plus tard le général Paik Sung-Yup qui, menacé d’encerclement, n’a plus d’autre choix que de se replier en catastrophe vers Unsan avec ses hommes.

S'il y a à l'évidence "quelque chose" qui barre la route vers le Yalu, toute la question est de savoir quoi. Par chance, les hommes de Paik parviennent à faire un prisonnier,… un prisonnier qui n’est pas habillé comme le sont les Nord-Coréens, un prisonnier qui s’avère parler chinois, et un prisonnier qui ne se fait pas trop prier pour révéler son appartenance à l’armée chinoise

Si Paik ne tarde pas à se convaincre que la Chine est bel et bien entrée dans la danse, et que certains éléments de l’armée chinoise ont manifestement réussi à franchir le Yalu sans être repérés, ces informations ne soulèvent en revanche que des haussements d’épaule incrédules côté américain.

Pour Willoughby, ce soi-disant Chinois prisonnier est en effet trop bavard être honnête et, même s’il dit la vérité, il n’est probablement qu’un frontalier isolé, qui s’est porté spontanément volontaire pour combattre en Corée.

Au Q.G. de MacArthur, personne n’est prêt à accepter une réalité que le grand-homme, de son côté, n’est pas disposé à entendre, tant elle le contraindrait alors à renoncer à ses plans…