... peut-être pour marquer son déplaisir d'être ainsi contraint à se déplacer pour rencontrer son interlocuteur - fut-il Président des États-Unis - MacArthur s'est en tout cas abstenu de le saluer à sa descente du DC-6 officiel (1), entorse au protocole qui aurait été impardonnable venant de quelqu'un d'autre mais que le Président, volontairement ou non, n'a pas relevé...
Il faut dire qu'en ce mois d'octobre 1950, c'est le général, et pas le Président, qui détient le gros bout du bâton : en pleine campagne de mi-mandat, Truman ne peut se permettre un esclandre avec un homme aussi populaire que MacArthur, un homme sur le point de remporter la Guerre de Corée, et un homme que tout le monde voit d'ailleurs se présenter contre lui à la Présidentielle de 1952.
Au demeurant, Truman a également besoin d'être rassuré sur le dossier coréen, et en particulier sur les rapports, de plus en plus nombreux, faisant état d'un rassemblement de plus de 300 000 soldats chinois de l'autre côté du Yalu
Et MacArthur, qui se sait en position de force, va s'employer à endormir celui qui, à ses yeux, n'est pas son supérieur, mais un vulgaire politicien et simple locataire de la Maison Blanche : estimant "très faible" la probabilité d'une intervention chinoise, le grand homme va aussitôt ajouter que dans le cas, bien improbable, où cette intervention se produirait néanmoins, celle-ci ne serait en rien décisive puisque "Ils [les Chinois] n'ont pas d'Aviation. Maintenant que nous avons des bases en Corée pour nos forces aériennes, si les Chinois tentent de descendre sur Pyongyang (2), ce sera la plus grande boucherie de toute l'histoire de l'Humanité" (3)(1) baptisé "The Independance", ce DC-6 modifié fut le premier véritable "Air Force One"
(2) à cette date, Pyongyang, bien que menacée par les troupes de l'ONU, est encore aux mains des Nord-Coréens de Kim Il-Sung
(3) ibid, page 367
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