mercredi 5 octobre 2011

3134 - une première inconnue

... avant-même de devenir réalité, le franchissement du Rubicon, ou plus exactement du 38ème Parallèle faisait donc l'objet d'un très large consensus, non seulement chez les généraux, mais également chez les politiciens et à vrai dire au sein de toute la population américaine, occupée à céder à la fois au Maccarthysme ambiant et au discours de plus en plus belliciste du Parti Républicain.

Après que les troupes de l'ONU aient franchi la frontière nord-coréenne, un sondage national allait d'ailleurs démontrer que ce franchissement, donc la continuation de la guerre, recueillait les faveurs de plus de six Américains sur dix,... des Américains qui, deux ans plus tard, plébisciteraient à la fois le Parti Républicain et un autre général, Dwight D. Eisenhower ayant entretemps pris la place d'un MacArthur tombé en disgrâce...

Mais aussi populaire avait-il été, ce franchissement s'était néanmoins effectué sous une double incertitude.

La première d'entre elle tenait à la météo : lorsqu'il avait défendu le principe d'un débarquement à Inchon, en août, MacArthur lui-même avait insisté sur l'absolue nécessité de le mener dans les plus brefs délais, et ce afin d'échapper à un hiver coréen qui promettait d'être pire que celui qu'avaient connu les GI's dans les Ardennes belges, en 1944.

En bon fantassin, MacArthur savait mieux que quiconque que les rigueurs d'un tel hiver provoqueraient davantage de pertes dans les rangs que les balles ennemies, ce pourquoi il fallait reconquérir la Corée du Sud avant l'arrivée des premières neiges, début décembre.

Mais l'affaire s'était déroulée mieux que dans les rêves les plus fous, puisque cet objectif avait en fait été atteint deux mois plus tôt qu'espéré, ce qui, du coup, avait ouvert la voie à une perspective entièrement nouvelle : poursuivre immédiatement l'offensive afin d'en finir une fois pour toutes avec le régime de Kim Il-Sung, ce qui reviendrait alors à transformer en triomphe ce qui n'était jusque-là qu'une simple victoire.

Militairement imparable, ce raisonnement revenait néanmoins à se placer volontairement sous la constante menace d'un "général hiver" par nature imprévisible...

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