
(...) Le caractère effroyable du destin des prisonniers de guerre soviétiques prend toute son ampleur lorsqu'on considère que, des 232 000 soldats britanniques et américains tombés entre les mains des Allemands durant la guerre, seuls 8 348 périrent, soit 3,6%. A vrai dire, à l'automne 1941, ce n'est pas moins de 8 348 prisonniers soviétiques qui mouraient chaque jour" (1)
Ce massacre inimaginable, doublé d'un autre au moins aussi important à l'égard de la population civile russe, ne pouvait assurément que susciter la crainte de représailles du même ordre advenant la défaite de l'Allemagne contre le bolchevisme.
Dans ces conditions, et au-delà de leur tradition d'obéissance et des considérables avantages matériels que leur procurait le régime, la plupart des officiers supérieurs - et particulièrement Erich von Manstein - jugeaient aberrante et totalement contre-productive toute idée de renverser le régime hitlérien, car ils considéraient, non sans raison, qu'un tel renversement, a fortiori dénué du moindre soutien au sein de la population allemande, ne pourrait que profiter aux ennemis du Reich, et donc en hâter la fin, ce qui aurait signifié non seulement d'énormes souffrances pour le peuple allemand, mais aussi leur propre comparution devant un tribunal, pour crimes de guerre.
La déclaration de Casablanca, en janvier 1943, ne fit que les renforcer dans leur opinion et, in fine à les pousser à combattre jusqu'au bout aux côtés des Nazis les plus convaincus, comme Sepp Dietrich.
A quoi en effet bon prendre le risque de conjurer contre Hitler, de le renverser ou même de l'éliminer physiquement si les Alliés n'acceptent de toute manière rien d'autre qu'une capitulation sans condition, qui privera non seulement l'Allemagne des territoires conquis jusqu'alors, mais aussi d'importantes parties de son propre territoire ancestral, en plus de la contraindre à de nouvelles et considérables indemnités à payer aux vainqueurs ?
Qu'ils l'aient ou non voulu, qu'ils y aient directement participé ou pas, les officiers allemands, et sans doute la plus grande partie du peuple allemand, étaient bien forcés d'admettre qu'en partant en guerre en septembre 1939, et surtout en attaquant l'URSS en juin 1941, l'Allemagne avait brûlé ses vaisseaux : plus question de faire machine arrière, ce serait la victoire ou la défaite totale...
(1) Lemay, page 261
Aucun commentaire:
Publier un commentaire