lundi 9 octobre 2006

1310 - une fidélité coûteuse

... s'assurer la fidélité et l'obéissance aveugle des troupes en général, et des officiers supérieurs en particulier, était une obsession que partageaient autant Staline que Hitler.

Mais si Staline préférait l'établir par la terreur, le recours aux compagnies disciplinaires, et l'envoi au goulag ou devant le peloton d'exécution, Hitler, lui, misait bien davantage sur l'appât du gain.

"En plus d'accorder des promotions aux hauts dirigeants de la Wehrmacht, Hitler allait leur attribuer, à partir 8 août 1940 (...) une prime mensuelle exonérée d'impôts. (...) Dès lors, les feld-maréchaux et les grands-amiraux recevaient 4 000 RM par mois (...) A ces dons, il fallait ajouter un autre montant mensuel accordé en supplément aux généraux, depuis le 10 novembre 1939, selon le type de commandement qu'ils exerçaient. (...) Tous ces montants versés en prime s'ajoutaient au salaire annuel (...) Du 1er avril 1942 jusqu'à la fin de la guerre, les commandants en chef des trois armes et celui de l'OKW gagnaient 26 500 RM par année. (...) En recevant une prime mensuelle de 4 000 RM exonérée d'impôts, les feld-maréchaux et les grands-amiraux triplaient leur salaire annuel"

(...) "Par exemple, en 1943, Manstein, alors feld-maréchal, recevait ainsi un montant de 48 000 RM exempts d'impôts, qui s'ajoutait à son salaire annuel de 26 550 RM (...) cela représentait une somme totale faramineuse, surtout si l'on tient compte du fait que le salaire hebdomadaire d'un ouvrier spécialisé sous le IIIème Reich était d'environ 28 RM, soit à peine 1 500 RM par an" (1)

Naturellement, l'octroi de ces primes de loin supérieures au salaire annuel dépendait d'une obéissance absolue envers le Führer

"En acceptant les sommes d'argent qui leur étaient octroyées par l'entremise d'un système secret, car elles provenaient d'une caisse spéciale du Reich, les généraux de haut rang se laissaient corrompre, devenant ainsi les complices de Hitler et de son régime. D'ailleurs, le message aux officiers supérieurs qui recevaient ces montants d'argent était très clair : celui qui contestait (....) verrait sa prime mensuelle exonérée d'impôts prendre aussitôt fin" (2)

(1) Lemay, page 176
(2) ibid, page 177-178

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